Dans le cadre de sa 19e édition, le Festival Metropolis bleu présentait samedi soir dernier la pièce Água Viva, à la salle Gaudin de l’Hôtel 10. Pour l’occasion, les organisateurs ont fait appel à l’artiste Gabriella Scheer qui a créé en 2012 une adaptation scénique de l’œuvre éponyme de Clarice Lispector.
En portugais, « Água Viva » signifie la méduse, cet être vivant aux nombreux tentacules qui se déplacent dans l’océan au gré des courants. Une analogie qui titre parfaitement l’œuvre littéraire de l’auteure brésilienne qui, par le biais de son personnage, se laisse entraîner par la réflexion profonde de sa propre existence, par l’exigence de vivre, de sentir et de ressentir.
Ce texte, qui n’appartient à aucun genre littéraire précis, s’apparente davantage à une introspection, une méditation, une quête de sens, un peu comme une sorte de poème, sans histoire, sans réel début ni fin. La pièce est construite sous la forme d’un monologue révélé par une artiste peintre qui troque ses pinceaux pour la page blanche. Elle écrit sans savoir où les mots la mèneront dans cet exercice qui devient encore plus puissant que l’expression de son art. Par la rédaction d’une lettre sans structure, qui s’adresse à la base à un homme, elle prend conscience de son for intérieur et des sentiments les plus triviaux qui l’habitent. Plus elle écrit, plus elle prend conscience qu’elle ne lui fera jamais lire, que cette lettre l’amène à l’analyse de ses différents états d’esprit qui finissent trop souvent par définir ses choix de vie, brimer sa propre liberté ainsi que son bonheur.
Une mise en scène modeste sur une petite scène dénuée de décor, si ce n’est d’une table, d’une chaise et des feuilles de papier, le tout parfois accompagné d’un jeu de lumière minimaliste, nous transporte malgré tout dans un univers tantôt touchant, tantôt déconcertant.
Tout au long de la pièce, l’actrice Gabriella Scheer présente un jeu profond et bien dosé au sein de cet amalgame d’émotions vibrantes par lesquelles se laissent transporter le personnage en quête de ce qui se cache derrière sa pensée, qui divague entre la logique et l’instinct pour vivre et capter le moment présent qui se défile à chaque instant de la vie.
Il faut également souligner que c’est devant un public conquis que l’artiste Gabriella Scheer s’est vu décerner le prix Distinction littérature hors frontières pour sa contribution du rayonnement à l’étranger de l’œuvre de Clarice Lispector.