Les vedettes de la chanson française ne l’ont pas facile au grand écran, puisqu’on trouve bien peu d’œuvres à la hauteur de leur carrière, alors que cette parenthèse sur Dalida devient rapidement d’un ennui assommant. Comme quoi, ce n’est pas tout le monde qui a envie d’oser quelque chose d’éclaté, comme le Gainsbourg de Joann Sfar.
Le biopic est certes un genre très convenu auquel il est difficile d’insuffler quelque chose d’audacieux ou d’ambitieux. Ce, surtout si on veut retracer aux termes de faits et d’événements une carrière. D’où, souvent, le traitement téléfilmesque qui devient plus près de la reproduction, voire de la reconstitution de faits, comme d’un documentaire raconté en images plutôt qu’en textes dictés soutenus par des archives.
S’il est facile de nommer des exemples comme Love & Mercy de Bill Pohlad sur Brian Wilson des Beach Boys et I’m Not There de Todd Haynes sur Bob Dylan pour des exemples fascinants d’interprétations inédites de piliers de la musique, en ce qui en trait au film biographique, difficile de trouver plus significatif comme exemple que les deux films qui ont été fait sur Steve Jobs. Soit l’un très convenu de Joshua Michael Stern, et celui complètement éclaté de Danny Boyle écrit par nul autre que Aaron Sorkin. Démontrant rapidement comment, selon le public et ses exigences, on peut suivre une recette sans transcender le sujet et oser tortiller la réalité pour cerner avec plus de justesse toute l’essence d’une personnalité.
Bien sûr, on peut avoir des Ray ou des La vie en rose qui malgré un traitement plutôt générique profitent des performances dévouées de leur interprète principal (Marion Cotillard n’aurait après tout pas sa carrière internationale sans son interprétation de la Môme). Par contre, pour ce qui est de Sveva Alviti, elle doit tristement enterrer son charisme sous des couches de misère et d’accents étrangers, ne lui laissant qu’une faible marge de manœuvre pour agir, n’en déplaise aux élégants costumes qui lui vont à ravir.
De fait, ce Dalida rappelle davantage les très mauvais souvenirs de Cloclo, étant donné le talent limité de la cinéaste Lisa Azuelos qui nous avait offert le très ordinaire LOL, autant dans sa version française que sa version américaine.
Sans aucune inspiration, on remâche des thèmes entendus mille fois entre le succès, l’amour, la famille, le déracinement, le contrôle, la perte de contrôle et on en passe. On traverse les époques, multiplie les dates et succèdent les cadavres des amants qui défilent à la vitesse de l’éclair. Pire, on brusque la bande sonore sans aucun respect pour les chansons qu’on arbore soit avec de terribles utilisations de lipsynch, soit sans au moins se donner la peine de les insérer intelligemment dans le film pour leur donner un nouveau sens et/ou un nouveau contexte.
Au final donc, Dalida est un pur effort de paresse qui cherche bien plus à faire de l’argent qu’autre chose. Production modeste qui ne nous apprend que bien peu et qui en offre bien peu (rendu là on va juste écouter un best of qu’on se sera procuré à prix modique), il n’y a rien d’agréable ici. Ni dans l’histoire tragique de Dalida, ni dans sa façon de la voir se dérouler péniblement et interminablement sous nos yeux. En ce qui concerne ce film qu’on a réduit à un petit plus que deux heures, disons qu’on aimerait bien qu’ils se soient limités à un vidéoclip.
3/10
Dalida prend l’affiche en salles ce vendredi 28 avril.