Même si elle prend place dans l’univers des startups et multiplie les références techno, pas besoin d’être un geek fini pour apprécier la troisième saison de Silicon Valley, la désopilante comédie de Mike Judge.
Bien qu’il ait remporté le procès l’opposant à la mégacorporation Hooli à la fin de la saison précédente (lire notre critique ici), les choses continuent de se compliquer pour Richard Hendricks et Pied Piper, la startup qu’il a fondée. Échaudés par les déboires juridiques, les membres du conseil d’administration décident en effet de le congédier du poste de président, pour lui offrir celui de directeur de la technologie. Comme il n’a jamais été doué pour la gestion d’entreprise ou les contacts humains, Richard finit par accepter la proposition, mais il regrettera amèrement sa décision lorsque Jack Barker, le nouveau PDG, se montre davantage préoccupé par la valeur des actions de la compagnie que par la qualité du produit en tant que tel.
Dans une autre vie, Mike Judge travaillait dans la fameuse vallée californienne, et depuis maintenant trois saisons, il s’inspire de son expérience dans le monde un peu fou des startups, où n’importe qui peut inventer le prochain Facebook et devenir millionnaire du jour au lendemain, pour créer une comédie mordante et bien ancrée dans son époque. Si la série comblera de bonheur les nerds de ce monde, avec ses références à Dropbox, au Geek Squad, ou aux « click-farms » du Bangladesh, le grand public y trouvera également son compte, puisque Silicon Valley se moque avant tout de la culture d’entreprise des géants technologiques, et la lutte constante entre innovation et corporatisme se retrouve au cœur de chaque épisode.
L’humour de Silicon Valley provient en grande partie de ses personnages principaux, et de leurs interactions les uns avec les autres. Personnifiant une sorte de malaise perpétuel, Thomas Middleditch sera longtemps associé à son rôle de Richard Hendricks. La rivalité malsaine entre les programmeurs Dinesh (Kumail Nanjiani) et Gilfoy (Martin Starr) atteindra de nouveaux sommets dans cette nouvelle saison, et le pathétique Jared (Zach Woods) prendra également du gallon. Bien que reléguée au second plan, chacune des apparitions de Gavin Belson (Matt Ross), le président de Hooli, est mémorable. Incarnant Jack Barker, le nouveau président de Pied Piper, le vétéran Stephen Tobolowsky joint également la distribution.
S’inscrivant majoritairement dans la tradition du sitcom, la série se permet tout de même quelques touches visuelles créatives ici et là. Dans cette saison, on aura par exemple droit à une séquence accélérée montrant une nuit de brainstorming dans « l’incubateur » d’Erlich Bachman, à une gigantesque salle remplie de serveurs informatiques prenant les allures d’un labyrinthe kafkaïen, ainsi qu’à une publicité insipide pour la compagnie Pied Piper. Une scène plutôt explicite montre même deux chevaux en pleine copulation. Le coffret Silicon Valley: The Complete Third Season contient dix épisodes de trente minutes sur deux disques au format Blu-ray, ainsi qu’un code pour télécharger une copie numérique sur la plateforme HBO GO. Trois scènes retirées du montage final constituent l’essentiel du matériel supplémentaire qu’on retrouve sur l’édition.
Contrairement à Pied Piper, la compagnie fictive en vedette dans la série télévisée, Silicon Valley n’est pas victime de son succès, loin de là, et cette troisième saison de la comédie prouve qu’au-delà de l’innovation technologique, les startups peuvent aussi être une excellente source d’humour.
8/10
Silicon Valley: The Complete Third Season
Réalisation : Mike Judge, Charlie McDowell, Eric Appel, Jamie Babbit et Alec Berg
Scénario : Mike Judge, John Altschuler, Dave Krinsky, Dan O’Keefe, Ron Weiner, Adam Countee, Donick Cary, Megan Amram, Carson D. Mell, John Levenstein, Carrie Kemper, Clay Tarver, Alec Berg
Avec : Thomas Middleditch, T.J. Miller, Josh Brener, Martin Starr et Kumail Nanjiani
Durée : 300 minutes
Format : Blu-ray (2 disques)
Langue : Anglais, français, espagnol et allemand
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