Deux hommes. Une salle de théâtre. Une oeuvre. Plutôt plusieurs oeuvres, en fait. Car pour la pièce Parfois, la nuit, je ris tout seul, les comédiens Michel-Maxime Legault et Marcel Pomerlo, également en charge de la dramaturgie, endosseront une multitudes de costumes et de personnalités alors qu’ils déambuleront, suivis de près du public, dans les corridors du Quat’sous.
À l’aide des textes de Jean-Paul Dubois, voilà donc que nos deux matadors débarquent en voiture devant le Quat’sous et prennent d’abord possession de l’entrée principale dans ce qui est présenté comme un « déambulatoire théâtral ». Brisant allègrement le quatrième mur, MM. Legault et Pomerlo enchaînent ainsi les répliques des textes de l’auteur, tentant de faire réagir le public d’une façon ou d’une autre, et profitant de l’occasion pour nous faire voyager à l’intérieur même de l’institution culturelle sise rue des Pins.
Car si l’on connaissait bien sûr l’entrée et la salle principale, on n’avait logiquement jamais pénétré dans les bureaux administratifs, emprunté les escaliers de service, siégé au balcon (les billets de presse sont toujours pour des places au parterre), voire visité la salle de répétition aux larges parois vitrées donnant sur le centre-ville.
En cela, Parfois, la nuit, je ris tout seul innove et surprend. Le public appréciait certainement de jouer un rôle dans le déroulement de la pièce, aussi petit puisse-t-il être. Et cette utilisation maximale de l’espace théâtral permet véritablement de combler ce fossé invisible entre les acteurs et les spectateurs, tout en donnant l’occasion d’atteindre, si l’on veut, le plein potentiel artistique de l’endroit.
Toutefois, choisir d’interpréter une série de textes plutôt qu’une seule et même pièce suscite son lot de problèmes. Incapable de s’identifier à des personnages ou de suivre le déroulement d’un scénario au long cours, le public est contraint d’assister à une série de courtes scènes quelque peu décousues qui ont rapidement raison de son intérêt. Oui, on nous emmène un peu partout dans le théâtre, mais une pièce justement adaptée à ces changements de scène aurait eu un impact bien plus important. Ici, il ne s’agit que d’un petit plus, quelque chose, peut-être, pour nous distraire de l’impression de vide qui ressort de la soirée. C’est bien dommage.