De l’autre côté du globe, une petite compagnie installée à Melbourne, Stealth Electric Bikes, vient de compléter une campagne de financement pour son plus récent modèle, le P-7, le premier de la gamme à pouvoir circuler légalement sur les routes d’ici et d’ailleurs. Entrevue avec l’une des membres de l’équipe.
Il est tard ici, et tôt là-bas. Qu’à cela ne tienne, Theresa Mischkulnig, responsable des ventes, est bien éveillée. Après tout, « elle a l’habitude de ce genre d’appels », d’autant plus que Stealth vend non seulement ses produits en Océanie, mais aussi aux États-Unis, au Canada, et même à Montréal.
« L’idée originale vient d’une personne qui avait une grande passion pour le vélo de montagne, mais comme les zones urbaines continuent de s’étendre en Australie, les possibilités de se déplacer pour aller faire du vélo, et plus particulièrement du vélo de montagne, se réduisent toujours plus. Cette personne voulait donc un vélo silencieux, qui pouvait être utilisé en ville, mais qui donnait aussi l’occasion de faire du vélo de montagne sans les exigences que cela suppose en termes de transport pour aller pratiquer ce sport, soit une heure ou deux à l’extérieur de la ville. »
« Il y a quelques années, cette personne a voulu construire un vélo électrique, alors que plusieurs lui ont dit que ce n’était pas une bonne idée. Et donc, peut-être pour leur en boucher un peu un coin, il a construit son vélo. Puis un ami a voulu en avoir un. Et un autre ami, et ainsi de suite. Puis, c’est devenu une entreprise. Stealth produit ainsi des vélos depuis 2008, et nous en sommes maintenant à notre quatrième modèle », mentionne Mme Mischkulnig.
Pourquoi, alors, se tourner vers le sociofinancement? « Des gens nous ont demandé de produire un vélo ayant les caractéristiques nécessaires pour rouler en ville (à titre d’exemple, le premier modèle produit par la compagnie, maintenant appelé le B-52, peut atteindre une vitesse de pointe de 80 km/h, et semble ainsi tenir davantage de la moto que du vélo, ce qui soulève logiquement quelques problèmes de réglementation en matière de transport), avoir un moyen de se rendre et de revenir du travail sur un vélo électrique… sans risquer de se faire intercepter par la police. Nous avons donc décidé de construire un nouveau modèle, le P-7, en commençant par tester le marché via une levée de fonds. »
Pour la mise en vente du P-7, les gens de chez Stealth espéraient récolter 100 000 dollars australiens (100 958 $ canadiens); après la fin de la campagne sur Kickstarter, le 14 avril dernier, le montant obtenu atteignait plutôt les 157 000 $ et des poussières. « Kickstarter est une très bonne plateforme, renchérit Mme Mischkulnig. Elle permet de rejoindre des gens de partout dans le monde, et c’est une bonne façon de tester le marché. Si nous réussissions à atteindre un objectif suffisamment élevé, nous serions aussi en mesure d’offrir un rabais substantiel sur les précommandes. »
L’objectif financier a été dépassé de plus de 50%, certes, mais seules 36 personnes ont contribué à la campagne. Est-ce à dire que le P-7 ne suscite que peu d’intérêt? Que nenni!, répond la responsable des ventes. De fait, l’idée était d’engranger des précommandes « de 15 à 20 unités ». « Alors, en avoir 36, c’est vraiment une bonne nouvelle… »
Car il ne faut pas passer sous silence un aspect important de ces vélos électriques, y compris du nouveau P-7: il s’agit de produits hauts de gamme, destinés à un public passionné… et bien en fonds. Une fois lancé sur le marché, le P-7 devrait ainsi se vendre à un peu moins de 7500 $, en échange d’une autonomie avoisinant les 100 kilomètres et une recharge en deux heures sur le système électrique normal d’une maison.
« Il y a déjà bien d’autres vélos électriques sur le marché, et certainement des vélos plus abordables. Mais nous offrons une qualité supérieure, et tous nos produits sont conçus et assemblés en Australie. Je ne sais pas pour vous, au Canada, mais ici, la main-d’oeuvre coûte plus cher qu’en Chine! », lance Mme Mischkulnig, sourire en coin. Les prix devraient également demeurer les mêmes à terme, mais Stealth s’attellera à accroître la qualité de ses vélos.
L’entreprise semble aussi déterminée à profiter de la vague de popularité des voitures électriques pour tenter de se faire connaître davantage. D’autant plus que les gouvernements municipaux d’un peu partout sur la planète multiplient les initiatives visant à favoriser les transports actifs.