Sommes-nous aux portes d’une ère biotechnologique pour les consommateurs, où la viande cultivée en laboratoire sera aussi répandue que celle provenant d’animaux de ferme?
Selon ce qu’écrit Ars Technica, une compagnie appelée Memphis Meats a récemment commencé à vendre de la viande in vitro qui goûte apparemment la même chose que du poulet ou du canard. Mais si la population désire que le prix d’un hamburger in vitro passe sous la barre des 1000 $ US, il est nécessaire que les consommateurs achètent ce type de viande en grande quantité. Voilà pourquoi deux chercheurs australiens de l’Université du Queensland ont décidé d’étudier ce que le public américain pense présentement de la consommation de viande in vitro.
Le psychologue Matti Wilks et le vétérinaire Clive Phillips ont interrogé 673 personnes, posant une vaste série de questions à propos de leurs origines et de leur avis sur la consommation de viande. Ils ont constaté qu’environ deux tiers des répondants seraient portés à essayer cette viande nouveau genre, et qu’un tiers envisagerait de l’inclure dans le cadre de leur alimentation régulière. Au dire des chercheurs, cela veut dire que la consommation de viande in vitro pourrait intéresser le public, mais qu’elle ne remplacerait pas la viande traditionnelle.
Cela dit, aucune des personnes interrogées n’avaient mangé de la viande de laboratoire auparavant. Puisque 79 % d’entre elles craignaient que cette viande ne goûte rien ou ne soit pas attrayante au regard, il est possible qu’elles changent d’avis si la viande in vitro goûtait la même chose que les animaux traditionnels. Plusieurs personnes ont également été refroidies à l’idée de payer davantage pour cette nouvelle viande. Et donc, avec une viande au goût et au coût ressemblants à ceux des boeufs, poulets et autres porcs et canards, la viande in vitro a possiblement de beaux jours devant elle.
Certaines personnes sont néanmoins complètement fermées à l’idée de manger de la viande ne provenant pas d’un animal vivant. Environ le quart des individus interrogés avaient des craintes éthiques à propos de la consommation de cette viande, qu’ils considèrent potentiellement comme « non naturelle ».
D’autres groupes sont aussi plus ouverts à la viande in vitro que d’autres. Les hommes, les libéraux et les résidents des villes sont plus curieux que les femmes, les conservateurs et les habitants des régions rurales. Les gens aux revenus plus élevés sont davantage portés à évoquer des questions éthiques. Et bien que les végétariens et végétaliens étaient plus tentés à parler d’un produit éthique et plus respectueux de l’environnement, ils étaient aussi moins intéressés à en faire l’essai que les omnivores.
« Ces résultats sont apparemment paradoxaux: ceux qui mangent déjà peu de viande semblent moins intéressés à consommer des produits in vitro; cependant, leur point de vue sur le plan éthique était généralement plus positif. »
Et si les amateurs de poissons ne voyaient pas l’intérêt d’en manger s’ils provenaient d’un laboratoire, des gens n’ayant jamais goûté du chien, du chat ou du cheval ont mentionné qu’ils aimeraient en essayer la version in vitro. Les deux chercheurs avancent que cela découle de l’idée occidentale voulant que des animaux ne devraient pas être mangés s’ils sont des animaux de compagnie. Une fois qu’ils ne sont que des pièces de viande cultivées en laboratoire, cette inquiétude éthique disparaît et les gens sont intéressés à goûter des hamburgers au chat et de véritables « chiens chauds ».