Voilà probablement près d’un mois que le lien vers un nouveau disque de musique traîne quelque part dans la boîte de réception de ce journaliste. Et cela fait aussi probablement près d’un mois que l’album en question résiste à toutes les approches habituelles pour en faire la critique.
Ce disque, c’est Star Stuff, un produit de l’imagination déjantée (et le mot est faible!) de Chad Bundick et du duo The Mattson 2. Rencontre fortuite, avance le communiqué. Qu’elle soit fortuite ou pas, cette réunion a produit quantité d’étincelles, et les huit pistes qui en découlent font de cet album un produit culturel non seulement unique, mais qui se complaît fort agréablement dans cette unicité.
Et donc, qu’est-ce que ce Star Stuff? Difficile à dire. Un hommage au rock psychédélique des années 1960 et du début des années 1970? Une déviation du funk saupoudré de disco, à la sauce musique de l’âge d’or du porno? Un peu tout ça, sans doute.
Star Stuff est un album capricieux, un album capiteux, l’un de ces disques qui vous emporte après seulement quelques secondes, le temps d’une seule et unique série de mesures. L’oeuvre vous fond dessus comme un aigle sur sa proie; à vous, ensuite, de tenter de surnager dans cette orgie de mélodies et de notes complètement folles. En gros, accrochez-vous, mesdames et messieurs, on part. Et le voyage sera périlleux.
Rétrospectivement, la pochette aurait dû nous avertir du trip à venir; les couleurs sont criardes, le décor semble vieux d’au moins 40 ans, rien ne concorde avec les autres objets présents dans la pièce… Une pochette, donc, à l’image du disque: tout se télescope entre nos deux oreilles. Et avant qu’on y pense, voilà que le disque se remet à jouer depuis le début après avoir déversé une heure de musique complètement folle.
Dans un monde où les plus grands succès musicaux de l’heure sont ultraformattés pour s’effacer progressivement du paysage auditif, devenant du même coup un fond sonore beige qui comporte si peu de conséquences sur nos sens qu’il est facile d’en vendre des milliers de copies, Star Stuff fait partie de ces disques qui se posent en défenseurs de la vraie musique, celle qui emporte, celle qui fait réfléchir, celle qui dérange et qui déconcentre.
Star Stuff nécessite plusieurs écoutes pour bien en extraire la substantielle moelle. Heureusement, une fois l’album bien au chaud dans notre bibliothèque, il devrait s’y tenir pendant longtemps.