Comment tenter de résumer le sulfureux dossier du mariage homosexuel en France? Si le sujet ne fait pratiquement plus débat ici, sauf peut-être chez les gens d’obédience conservatrice, les Français, eux, viennent à peine de modifier le code civil pour permettre l’union de deux personnes de même sexe.
Pour s’attaquer à ce sujet, les cinéastes Mathias Théry et Étienne Chaillou adoptent une approche originale et rafraîchissante: et si les principaux personnages du débat étaient remplacés par des marionnettes? Dans La sociologue et l’ourson, documentaire projeté vendredi soir au Cinéma Beaubien et samedi au Clap, à Québec, dans le cadre de soirées « Ciné-Débat » en compagnie de l’équipe, mais aussi de la sociologue Irène Théry, les deux hommes tâchent de faire la lumière sur cette affaire et de présenter au public un point de vue subjectif, certes, mais qui vise néanmoins à recadrer le dossier en une oeuvre d’un peu plus d’une heure.
Présenté en majeure partie sous la forme d’une discussion entre Mathias Théry et sa mère, celle-ci étant la plupart du temps représentée sous la forme d’une marionnette, La sociologue et l’ourson explore les méandres du débat politique français. Images d’archives, plans reconstitués avec des décors de carton-pâte et des marionnettes d’animaux, le film rappelle, heureusement ou malheureusement, que le débat politique et social français peut s’effectuer à la fois avec une hauteur intellectuelle qui est habituellement absente ici au Québec, mais que la vacuité n’en est pas pour autant absente. On a beau employer de grands mots, cela ne veut pas dire que le propos n’est pas rétrograde.
Ce qui s’avère bien intéressant, également – outre le petit rire à voir les journalistes être tous représentés par des oiseaux, par exemple -, c’est de constater que la question de l’utilisation de mères porteuses est beaucoup plus délicate en France qu’elle ne l’est ici. L’opposition farouche de centaines de milliers de personnes au mariage gai, quelque chose d’aussi évident et tenu pour acquis au Canada, ne cesse de surprendre. La France est-elle homophobe? Non, répond Irène Théry, qui parle plutôt d’un choc générationnel. Quoi qu’il en soit, voilà bien la preuve que, contrairement à ce qu’avance Éric Duhaime, les luttes pour les droits des homosexuels sont loin d’être terminées, ici comme ailleurs.
À voir, donc, que ce soit à Montréal, vendredi soir, ou à Québec, samedi. Le film est également projeté, sans le débat, du 7 au 13 avril dans les deux mêmes cinémas.