Après plus de deux années passées à faire atterrir sur Terre ses fusées après leur lancement, l’entreprise américaine SpaceX a finalement réutilisé l’un de ces engins ayant déjà servi.
La fusée Falcon 9 a décollé de Cap Canaveral, en Floride, jeudi soir, emportant avec elle en orbite un satellite de communications. Le lanceur est ensuite revenu au sol pour se poser sur l’une des barges automatisées flottant dans l’Atlantique. Il s’agissait d’un deuxième voyage pour cette fusée, déjà lancée vers les cieux et déjà revenue sur Terre en avril de l’an dernier. Mais ce nouveau départ d’une Falcon 9 marque la première occasion où une fusée orbitale se rend dans l’espace pour la deuxième fois.
Le président de SpaceX, Elon Musk, est apparu lors de la diffusion en continu brièvement après l’atterrissage, et s’est exprimé à propos de cet exploit. « Cela signifie que vous pouvez lancer et relancer un lanceur de classe orbitale, qui est la partie la plus coûteuse d’une fusée. Cela sera vraiment, ultimement, une gigantesque révolution dans le domaine du vol spatial », a-t-il dit.
La mission de jeudi soir était une étape critique pour SpaceX, qui travaille à rendre ses fusées partiellement réutilisables depuis les débuts de 2011. Jusqu’à maintenant, presque toutes les fusées pouvant atteindre l’orbite sont soit détruites, soit ne sont pas récupérées. Cela veut dire qu’une nouvelle fusée – avec des coûts pouvant atteindre les centaines de millions de dollars – doit être construite pour chaque lancement.
En fait, seules des parties de la Falcon 9 ont été réutilisées pour la mission de jeudi. Après chaque lancement, SpaceX tente de préserver le premier étage de ses véhicules. Il s’agit de la section, haute de 14 étages, qui comprend les moteurs principaux et la majeure partie du carburant. Environ 10 minutes après chaque lancement, ce premier étage se sépare de la coiffe de la fusée et effectue une descente contrôlée pour revenir sur Terre. Le carburant restant est employé pour rallumer les moteurs lors d’une série de manoeuvres, avant de ralentir le véhicule en vue de l’atterrissage.
Le client de SpaceX ayant commandé la mission de jeudi est SES, un exploitant de satellites sis au Luxembourg. Et le cargo est le satellite SES-10, qui doit fournir des services de communications à l’Amérique latine. SES-10 est destiné à se positionner sur une orbite extrêmement élevée, à quelque 30 000 kilomètres de la Terre, appelée orbite géostationnaire. Sur cette trajectoire, le satellite suit la rotation de la Terre, ce qui lui permet de demeurer constamment au-dessus de la même région.
SES a fait part de son intérêt à servir de « cobaye » pour la fusée réutilisée, et a annoncé ses plans en ce sens en août dernier. « En tant que premier exploitant satellitaire commercial à effectuer un lancement à l’aide de SpaceX en 2013, nous sommes excités d’être de nouveau le premier client à profiter d’une fusée ayant déjà volé », a fait savoir Martin Halliwell, l’un des dirigeants de l’entreprise. « Nous croyons que les engins réutilisables lanceront une nouvelle ère de l’exploration spatiale, et faciliteront l’accès à l’espace. »
Avec le lancement de jeudi, le lanceur réutilisé pourrait être employé à une troisième occasion. Il aura fallu quatre mois de préparations pour rendre l’appareil utilisable, mais SpaceX travaille à réduire ce délai. L’entreprise pourrait avoir passablement plus d’expérience dans ce domaine, prochainement, alors qu’elle envisage de relancer jusqu’à six lanceurs cette année.