Un cinéaste avec une feuille de route notable, une distribution de premier ordre, un sujet des plus actuels et une performance électrisante d’une actrice de grande classe. Pourtant, Miss Sloane passe pratiquement à côté de tout ce qu’il aimerait être et faire. Voilà peut-être pourquoi la sortie DVD récente en fait la meilleure façon de rattraper ce film qui est passé plutôt inaperçu.

Jessica Chastain a perdu son Oscar pour sa performance extraordinaire dans Zero Dark Thirty et elle semble ne s’en être jamais remise. Retrouvant un personnage qui y ressemble dans celui d’une lobbyiste sans pitié et mésadaptée socialement, au bord du gouffre et prête à tout pour parvenir à ses fins, elle incarne avec panache le rôle-titre de ce film sagement réalisé par John Madden (réalisateur du controversé Shakespeare in Love, mais aussi du remake déjà oublié The Debt avec la même actrice) et écrit maladroitement par un petit novice.
Le fait est que si la réflexion sur le port d’armes en Amérique est primordiale et franchement enflammée dans le film, tous les détours pour faire du débat une attraction déclinée en multiples tours de passe-passe convainc beaucoup moins. D’abord parce que le scénario est volontairement confus a priori et ensuite parce que la seconde partie surexplicative est difficile à avaler tellement elle a envie de jouer au malin avec nous, mais qu’elle ne fait que tirer toutes les ficelles arranger avec le gars des vues de façon grossière et prévisible.
Ainsi, avec son rythme laborieux que l’excellente trame sonore du brillant Max Richter ne parvient pas à aider, on se demande longtemps jusqu’où tout veut aller, surtout aussi parce que la distribution qui continue toujours plus de multiplier les gros noms n’arrive pas vraiment à redorer l’entreprise qui sombre à petit feu. L’inverse probablement de Black Mass qui se voyait revigoré à chaque nouvelle apparition. De quoi trouver dommage de voir les nombreux Alison Pill, Michael Stuhlbarg, John Lithgow, Mark Strong, Dylan Baker et autres Jake Lacy se faire trimballer d’un bord et de l’autre en vain, des noms qui font pourtant toujours plaisir à croiser.
Également, il y a aussi ce sens de la répartie qui sonne un peu faux, donnant au tout des airs d’une sous-production de Aaron Sorkin, la présence de Sam Waterston (exquis dans la télésérie The Newsroom) s’avérant assez ironique à ce propos. Et c’est sûrement ce qui blesse le plus le long-métrage. Soit, son désir d’être tellement de choses et de toujours s’avérer au final inférieur à tant de créations qu’on a vu récemment autant au petit qu’au grand écran.
En dépassant la barre des deux heures, Miss Sloane n’a pas ce qu’il faut pour captiver de bout en bout, ni l’intelligence nécessaire pour nous diriger avec aisance. On apprécie tous les efforts qui ont été mis sur place et on continue de croire très fort en Jessica Chastain qu’on gardera toujours en notre cœur pour son inoubliable chaleur dans The Tree of Life, mais pour l’instant, on réalisera bien vite que ce petit film qui croyait se rendre loin, finira malgré tout rapidement aux oubliettes.
À noter que si les éditions DVD et Blu-Ray bénéficient d’une piste sonore anglaise et française en plus de sous-titres dans ces deux mêmes langues, seulement le Blu-ray a droit à un segment making of.
En rappel, ma critique lors de sa sortie en salles.
5/10
Miss Sloane ou Dans la mire en version française est disponible en DVD via VVS Films depuis le 21 mars.