Dans le cadre du 375e anniversaire de Montréal et en collaboration avec LASERRE, Les Possibles proposent des rencontres entre l’art et le citoyen. Un projet qui présente les œuvres de 12 artistes dans des lieux inusités de la ville. Jeudi soir dernier, la bibliothèque de l’école secondaire Paul-Gérin-Lajoie-d’Outremont accueillait le troisième Possible de la série, l’œuvre de la circassienne Claudel Doucet Que nous soyons.
D’une durée de 45 minutes, Que nous soyons était basé sur le thème de l’égalité et de la diversité. Le spectacle mettait en scène deux artistes, danseurs et acrobates, du collectif les 7 doigts de la main, Christine Daigle et Mathias Reymond, accompagnés par les élèves de la classe d’accueil 5 en francisation de l’école Paul-Gérin-Lajoie-d’Outremont. Une idée bien ficelée par Claudel Doucet qui a relevé le défi avec une trame narrative imagée, mélangeant des professionnels issus de l’art du cirque et de jeunes étudiants immigrants néophytes à l’art vivant. Selon Claudel Doucet: « C’est un projet sur la contrainte et l’opportunité, sur notre interdépendance les uns aux autres, sur nos quêtes. Parce que nous essayons tous d’avancer, confiants en notre avenir ou bien perdus dans les affres de l’ignorance. Parce que parfois, on avance les uns aux dépens des autres. On perd, on gagne, et on avance. »
Le jeune Arad I Phan, seul au centre de la bibliothèque, a commencé la prestation en s’adressant au public: « En Iran, nous avons le pétrole et la poésie », avant d’amorcer la lecture d’un poème arable issu de son pays natal. Puis, les deux artistes de cirque entre en place, s’approchant incertains, plein de doutes, pas à pas vers la découverte de l’autre, avant d’être rejoint par les autres membres de la classe numéro 5. Alors, chacun se présente dans sa langue maternelle, s’entremêlant, tout en partageant à la foule leurs origines, leurs goûts, leurs craintes, leurs buts et leurs rêves. C’est ainsi que le spectateur est amené à suivre l’histoire qui lui est racontée par les gestes, les phrases courtes, et le mouvement. Une prestation qui tend parfois vers la poésie théâtrale, parfois vers la danse contemporaine, avec peu de mots, mais constituée d’images fortes représentant l’affirmation et le combat avant d’en arriver à l’acceptation et à l’inclusion.
On pouvait constater le grand sérieux avec lequel les étudiants ont abordé le projet. La couleur de chacun était mise à l’honneur, ce qui rendait le produit final encore plus intéressant. Les artistes des 7 doigts de la main entrecoupaient les interventions des jeunes avec finesse, faisant avancer la trame narrative tout au long de la prestation. Telle une boucle, le spectacle se termine avec Arad, qui nous revient pour lire à nouveau son poème, mais cette fois en français. Un témoignage de l’apprentissage et du chemin parcouru par chacun depuis leur arrivée en cette terre d’accueil nommée Montréal.
Tout au long de l’année, d’autres Possibles sont prévus une fois par mois. Chacun d’entre-deux découlent d’enjeux révélés lors de rencontres citoyennes. Les trois prochains aborderont les thèmes de la santé et de la qualité de vie, du savoir et l’éducation, et de l’énergie. Respectivement, ils seront chapeautés dans l’ordre par Shawn Cotton et Maude Nepveu-Villeneuve de ARCMTL (20 avril), Félix-Antoine Boutin de l’OFFTA (30 mai), Nouveau Studio de La Pépinière (22 juin). Question de demeurer connecter au concept, le lieu sera dévoilé au public 375 heures avant l’événement et le tout sera présenté gratuitement. Pour plus d’information, consultez le site web www.possibles.ca