Long-métrage injustement ignoré lors de la plus récente cérémonie des Césars, il faut dire qu’il y avait longtemps que le réputé cinéaste André Téchiné n’avait pas autant fait palpiter nos cœurs et nos sens avec une de ses œuvres. La sortie DVD toute récente de Quand on a 17 ans est l’occasion idéale de tomber ou retomber sous le charme de ce joli film, aux apparences simples, mais d’une délicate efficacité.
Épaulé de Céline Sciamma au scénario, Téchiné revient à ses propres sources et, par le fait même, à la grâce des premiers amours en nous évoquant sans mal son inoubliable Les roseaux sauvages d’il y a plus de vingt ans. Toujours aussi axé sur l’humanité des uns et des autres, sans oublier ces petits détails tordus qui permettent à ses films de répondre à leur propre microcosme, même s’il n’a peut-être plus le même brio qu’à ses débuts, le cinéaste ne s’empêche pas d’offrir un discours et une vision qui a bien sa place à notre époque, ce, même si son histoire, indubitablement familière, est également aussi vieille que le monde.
Ainsi, la rengaine est celle de milliers de films et d’histoires, soit de ces deux jeunes issus de milieux bien distincts et de conditions bien différentes, unis dans le conflit et qui devront trouver un terrain d’entente pour surmonter chaque jour du quotidien qui les dépasse.
Bien sûr, avec une délicatesse et un rythme qui prend le temps de tout situer, Quand on a 17 ans se dévoile d’abord comme un coming-of-age conventionnel avant de se dépoussiérer en quelque chose d’autre. Oui, cette lenteur qui épouse le quotidien, la campagne et cette vie qui donne l’impression de ne pas aller assez vite lorsqu’on est jeune pourra sembler problématique à certains niveaux, mais l’excellente distribution sera si habile, à l’aise et dirigée avec doigté que le plaisir de les voir fondre dans ce touchant scénario se fera sans mal.
C’est là que la toujours excellente Sandrine Kiberlain s’avère idéale dans ce rôle de mère-docteure d’une grande générosité. Surtout qu’elle créera une belle paire avec le trop rare Alexis Loret, qui renoue une fois de plus avec le cinéaste qui l’avait fait découvert dans son premier grand rôle au cinéma pour Alice et Martin. En opposition à ses vétérans, il y aura les deux novices nourris d’une complicité palpable que sont Kacey Mottet Klein et Corentin Fila, tous deux candidats au dernier meilleur espoir masculin des Césars. Interprétant la carte de la naïveté et de l’incertitude avec justesse, on prendra plaisir à voir leur relation évoluer en quelque chose qui dépasse toujours un peu plus les attentes du spectateur.
Oui, on aurait peut-être pu couper quelques coins trop ronds, user de plus de subtilité ici et là et s’empêcher quelques passages plus durs à avaler, mais en ensemble, ce sera la grande chaleur du film qui nous restera en tête et le retour bien accueilli d’un bon cinéaste qui n’a finalement pas dit son dernier mot.
Fait avait minutie et sans grande prétention, on appréciera Quand on a 17 ans pour toute la candeur et le charme qu’il aura à nous offrir autant pendant que bien après la dernière étreinte. D’une douceur nécessaire qu’il ne serait pas malin de décliner.
7/10