À moins de 5000 km de Montréal, seulement deux jours de voiture nous séparent de la capitale Mexico. L’Université nationale autonome du Mexique (UNAM) numérise la médecine traditionnelle autochtone, alors que le Centro de Derechos Humanos Fray Bartolomé de Las Casas (Frayba) a publié un rapport sur la façon dont les autorités mexicaines discréditent les organismes humanitaires pour justifier la répression.
En tant qu’institution indépendante, l’UNAM renoue avec la société depuis quelques années en numérisant des centaines de documents, ainsi que des résultats de recherche à la portée de quiconque sur internet. Ainsi, la bibliothèque numérique comprend certains volumes publiés par la Commission nationale pour le développement des peuples autochtones (CDI) dont un dictionnaire encyclopédique, un ouvrage de médecine traditionnelle, un atlas des plantes et un ouvrage sur la flore du Mexique. Le site répertorie tous les peuples autochtones sur le territoire mexicain et se consulte aisément, ce qui en fait un outil de référence.
En parallèle, la déclaration des peuples autochtones du Mexique inaugurée le 4 décembre 2016 à la COP 13 à Cancún au Mexique a été signée par six peuples autochtones situés au sud du territoire, appuyés par 16 organisations latino-américaines. La déclaration stipule que le patrimoine bioculturel qui est en cause n’a pas de prix, est intangible et incommensurable. Que nous avons l’obligation morale, éthique et historique de mettre ce patrimoine à l’abri par un usage partagé. Ce patrimoine est lié au processus même de notre vie tel qu’appris de la Terre mère, ainsi que le fruit du savoir ancestral de nos peuples. En revanche, la déclaration met en garde par rapport aux protocoles de Nagoya et de Cartagena discutés en marge de la COP 13 favorisant les entreprises multinationales par la promotion de la privatisation des biens communs et des savoirs ancestraux.
Ayant pour mission de défendre les droits humains, le Frayba relève dans son rapport intitulé « Los Caminos de la Resistencia » publié en septembre 2016 que les « Bases de Operación Mixtas (BOM) » installées par le Secretaría de la Defensa Nacional (Sedena) en coordination avec les autorités étatiques ont augmentés de 637 % l’année dernière, une militarisation disproportionnée qui ouvre la voie à la répression armée. Cependant, avant d’en arriver à la confrontation, le gouvernement mexicain discrédite les droits humains des citoyens victimes d’injustice. « C’est une simulation institutionnelle que le gouvernement cherche à légitimer à l’étranger, ce qui donne une fausse sécurité aux organisations sociales », affirme un regroupement d’organismes pour la défense des droits humains.
En plus d’isoler les mouvements des victimes, des survivants, des femmes, des communautés autochtones et campagnardes, des étudiants, des syndiqués, des migrants et des collectifs LGBT du restant de la population, le gouvernement mexicain met la vie des travailleurs humanitaires en danger. À cause de ce discrédit de la part de l’État mexicain, la Fraya considère que le travail des défenseurs des droits humains est un pari politique et un compromis vital, personnel et communautaire pour défendre l’espérance, la mémoire, la justice et la vérité.
Entre narcotrafiquants et forces de l’ordre qui se militarisent de plus en plus, les citoyens attachés au territoire sont victimes d’une violence qui n’a rien à voir avec eux.