Ils sont trois. Trois amis de très longue date, les trois têtes pensantes du collectif BGL, un trio à forte teneur en expression artistique qui sévit en direct de Québec depuis une vingtaine d’années. Et pour l’occasion, le réalisateur Benjamin Hogue leur consacre ce documentaire, BGL de fantaisie.
Une année, et trois projets pour nos trois gaillards, qui ont forcément atteint la quarantaine depuis le temps qu’ils se connaissent. D’abord, cette très importante participation à la Biennale de Venise avec leur oeuvre Canadassimo, puis une sculpture commandée pour les Jeux panaméricains de Toronto, et enfin une oeuvre d’art prévue pour remplacer l’un des échangeurs enlaidissant autrefois le paysage à l’intersection des boulevards Pie-IX et Henri-Bourassa, dans Montréal-Nord.
À travers la production de ces commandes, la caméra se permet quelques retours en arrière dans le temps à l’aide d’images d’archives. Et force est d’admettre que les trois gars de BGL réussissent le coup d’éclat d’apparaître à la fois suffisamment déjanté pour sortir du moule et se démarquer, sans toutefois donner dans l’exagération qui les empêcherait de se présenter aux concours officiels. Une sorte de dissension respectable, si l’on veut.
Cela ne signifie néanmoins pas que nos trois artistes soient trop consensuels ou ennuyants, bien au contraire. Pleinement immergés dans leur univers, capables de transformer à peu près n’importe quoi en une oeuvre qui étonne tout autant qu’elle fait réfléchir, Jasmin Bilodeau, Sébastien Giguère et Nicolas Laverdière ouvrent joyeusement leurs portes à l’équipe du tournage pendant ce qui a dû être plusieurs mois, voire plus d’un an d’une vie particulièrement occupée.
Paradoxalement, le succès de BGL est peut-être un tantinet trop lisse, trop parfait. Nul doute que les trois amis ont dû essuyer quantité de refus au fil des ans – surtout au début de leur existence -, mais à l’écran, la bonne humeur et la productivité sont au rendez-vous, et ce malgré les tensions et les délais serrés à respecter. Dans la salle, proches et amis s’esclaffaient régulièrement, reconnaissant probablement ici et là des traits de caractère typiques des artistes. Mais pour le cinéphile moyen, qui n’a malheureusement peu ou pas entendu parler de BGL, on ressort de la projection avec l’impression d’avoir passé un bon moment, certes, mais d’avoir raté la proverbiale clé lancée (ou échappée) dans l’engrenage, le problème qui transforme un documentaire au mieux satisfaisant en quelque chose de véritablement accrocheur.