Attentat, pièce coproduite par les Théâtres [mo] et Fol Espoir et mise en scène par Gabrielle et Véronique Côté, avait fait grand bruit lors de son passage au Théâtre Périscope, à Québec, alors que se produisaient les terribles événements terroristes de Ste-Foy. Voilà que le spectacle revient sur les planches du Quat’Sous, à Montréal, d’où il avait essaimé.
Attentat, donc, présentée comme une pièce-choc, une réponse à l’horreur de la barbarie moderne et du trumpisme tous azimuts. Antidote, aussi, au marasme ambiant. On a plutôt droit, hélas, à près de 90 minutes de déclamations sans grand intérêt, textes jetés pèle-mêle dans une foire d’empoigne qui nous laisse froids.
L’idée aurait pourtant pu avoir du bon: piger dans des textes établis (Aquin, Miron), y saupoudrer une bonne dose de créations littéraires et poétiques contemporaines (Catherine Dorion, Evelyne de la Chenelière, entre autres), et tenter, avec le résultat, d’envisager un monde meilleur en rallumant la flamme de l’optimisme citoyen et sociétal. Mais sans aucune structure narrative, sans cadre, sans quelque structure centralisatrice que ce soit, les comédiens, bien souvent raides comme des piquets sur scène, enchaînent les textes les uns après les autres sans que l’on explique s’il existe ou non un lien entre les autres. Et à vouloir intégrer le plus de créateurs possible, on se retrouve avec un capharnaüm n’ayant ni queue, ni tête.
Pire encore, ces appels à l’action, ces évocations de la Beauté contre le Mal, ces rêves d’harmonie… tout cela a déjà été dit, sous une forme comme une autre, à maintes reprises. Rien de choquant, rien de dérangeant ne sera prononcé dans Attentat, surtout pas devant le public du Quat’sous, confortablement installé au coeur du Plateau Mont-Royal. Serions-nous si blasés, si alanguis dans nos existences qu’il soit si aisé de laisser de côté toute l’urgence de la situation actuelle, histoire de nous bercer d’illusions en disant croire qu’il suffit d’envisager l’avenir sous un ciel radieux pour que cette prophétie s’avère être autoréalisatrice?
Non, Attentat veut trop bien faire. L’effet était peut-être plus important à Québec, encore ébranlée par la manifestation bien trop réelle de l’obscurantisme, mais à Montréal, ville sanctuaire et lieu de vivre-ensemble, comme le martèle le premier magistrat, tout cela est loin, bien loin, trop loin. Mieux vaut ainsi ressortir les mêmes vieux messages – de bons messages, soit, mais de vieux messages malgré tout – et éviter de prendre le bon public à rebrousse-poil. Ce n’est pas comme si nous étions dans un espace de liberté créatrice, après tout…
Attentat, une coproduction du Théâtre [mo] et du Théâtre du Fol Espoir, mise en scène par Gabrielle et Véronique Côté, présentée a Théâtre de Quat’Sous jusqu’au 4 mars 2017.