Martin Prévost
Ce 12 février, à la Maison symphonique de Montréal, dans le cadre de la série Les dimanches en musique, l’Orchestre symphonique de Montréal recevait la visite de la violoniste Midori et la visite surprise du chef James Feddeck, qui remplaçait au pied levé le maestro Jeffrey Tate, incommodé par des ennuis de santé.
Après avoir fait connaissance avec Midori dans le contexte du Concerto pour violon de Beethoven avec l’OSM, il y a quelques années, je ne savais trop à quoi m’attendre pour son interprétation du Concerto pour violon et orchestre, op. 15 de Benjamin Britten. En fin de compte, et malgré les nombreuses différences entre les deux œuvres, j’ai retrouvé dans cette prestation deux qualités qui étaient très présentes dans le Beethoven: la précision et l’émotion.
La virtuosité de la violoniste qui jouait Paganini à 14 ans n’est pas à remettre en question. Mais dans un œuvre où tous les extrêmes sont exprimés, on veut entendre de la couleur, de l’intensité, de la personnalité. Voilà ce que nous ont servi Midori et l’OSM en ce dimanche enneigé. Dès la fin du premier mouvement, quand la harpiste pince une dernière corde et que la soliste tient interminablement une dernière note, pianissimo… on se retenait d’ovationner immédiatement. Et les autres mouvements se sont révélés de la même eau. Tout ça c’était très beau mais le public de l’OSM a déjà été plus chaleureux.
Qu’à cela ne tienne, la chaleur était, semble-t-il, en réserve pour acclamer l’orchestre dans son interprétation de la brillante, vivante et puissante Symphonie no. 3 en la mineur, op. 56, dite Écossaise, de Félix Mendelssohn. Pendant les 40 minutes que dura la prestation de l’orchestre et du chef, il s’est vraiment passé quelque chose. Sans qu’il ait donné l’impression de dormir durant les Valses nobles et sentimentales de Ravel, en première partie, ou encore pour le Britten, l’orchestre s’est véritablement réveillé pour l’œuvre finale, jouant son va-tout et s’accrochant aux gestes et au souffle du chef Feddeck. Une telle symbiose, une telle harmonie, ne sont pas si fréquentes et m’ont donné l’impression que Mendelssohn lui-même avait pris possession du corps et de l’esprit du chef. Voilà une interprétation à retenir!