Les politiques sociales démocrates et d’éducation publique inspirées du modèle suédois dans les discours du candidat Bernie Sanders pendant la campagne électorale américaine semblaient utopiques. En revanche, les électeurs croyaient à l’utopie de l’approche télé-réalité du candidat Donald Trump. N’empêche que les positions prises par le gouvernement suédois barrent la route aux ambitions hégémoniques du nouveau président américain.
Au mois de juillet 2013, au moment où l’Allemagne et la France ont fait pression sur l’Union européenne (UE) pour retarder leurs discussions avec les autorités américaines afin d’en connaître davantage sur l’espionnage de la National Security Agency (NSA) en Europe, la Suède s’est jointe au Royaume-Uni pour imposer un veto affirmant que l’UE n’a pas le mandat de discuter de sécurité nationale et de renseignement, rapporte Hugh Eakin dans le New York Review of Books parut le 19 janvier. En fait, la Suède a été à l’avant-garde d’une expansion rapide de la surveillance d’État à travers l’Europe du Nord.
Depuis le témoignage d’Edward Snowden sur la NSA, l’Europe a subi des attaques terroristes, le recrutement de citoyens pour aller combattre en Syrie et l’arrivée massive de migrants. Dans les derniers mois, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche, le Danemark, la Finlande et la Norvège ont pris en compte ou adopté une loi pour améliorer la surveillance de leur population. Cependant, l’agence de surveillance suédoise, Försvarets radioanstalt (FRA) qui est la plus développée de ces huit pays, dispose d’un budget de 100 millions $ US et compte 700 employés, tandis que la NSA dispose d’un budget de 10 milliards $ US et compte plus de 30 000 employés.
Aux côtés des agences américaines et britanniques de renseignement, le principal atout de la FRA provient de sa localisation géographique. Déjà pendant la guerre froide, la péninsule scandinave a été d’une importance cruciale pour les services de renseignement d’Occident. Aujourd’hui, 80 % des câbles de fibre optique permettant à la Russie de communiquer avec le restant du monde passent par la mer baltique et la Suède, poursuit Hugh Eakin.
La FRA est en mesure d’intercepter ces communications, mais si le président américain Donald Trump cherche à se rapprocher du président russe Vladimir Poutine, la FRA devra-t-elle cesser sa collaboration avec la NSA de surveillance de la Russie?
Valeurs divergentes
De par son modèle social-démocrate, sa réputation de défenseur des droits humains et sa façon de gouverner par consensus, les valeurs de la Suède semblent aller à l’encontre de la volonté de surveillance des autorités suédoises par la FRA. Contrairement aux États-Unis et au Royaume-Uni, la Suède a adopté une politique de neutralité et n’est pas membre de l’Organisation du traité d’Atlantique Nord (OTAN). À cette contradiction, s’ajoute la promotion d’une libre utilisation de l’Internet en tant qu’élément de la démocratie, rapporte Hugh Eakin. La FRA serait-elle une stratégie défensive?
Dès les années 1970, la Suède a mis en place une politique de conciliation vie familiale-vie professionnelle qui a favorisé l’égalité entre les sexes par l’adoption d’autres mesures allant dans ce sens. Par l’adoption d’une loi en 1999, les députés ont décidé de pénaliser les consommateurs qui paient pour un service sexuel, des hommes dans la plupart des cas, plutôt que les travailleurs du sexe, le plus souvent des femmes. Aujourd’hui, la Suède est le pays d’Europe qui compte le moins de prostitution.
Au sud, le gouvernement allemand a légalisé les maisons closes en 2001. « 68% des travailleuses du sexe présentaient des symptômes de stress post-traumatique d’une intensité similaire à ceux des anciens combattants ou des personnes ayant été torturées. D’autres troubles peuvent se développer : toutes sortes d’angoisses, des dépendances diverses, des troubles affectifs comme la dépression ou la bipolarité, des douleurs psychosomatiques, des troubles de la personnalité, des troubles dissociatifs, etc. », d’après une étude datant de 2008 citée par la psychologue allemande, Ingeborg Kraus au Monde diplomatique de janvier.
Abordant le problème de la prostitution dans le cadre du maintien de l’égalité entre les sexes, cela va à l’encontre des valeurs machistes du président américain Donald Trump véhiculées par des propos sexistes et la nomination d’une grande majorité d’hommes à son cabinet.
Établir l’ambassade des États-Unis dans la ville de Jérusalem est l’un des projets controversés du nouveau président. La Suède a reconnu l’État de Palestine le 30 octobre 2014, premier État européen à franchir cette limite.
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