Les chevaliers de la Table ronde munis d’épées devenues des sabres laser. Merlin l’enchanteur déguisé en personnage outrun avec des verres fumés et des espadrilles, le tout éclairé par des néons à la nuit tombante. Un album qui mélange sonorités électroniques et monde fantastique aux créatures magiques. Que demander de plus?
Ce disque, c’est Volume 1, du groupe Magic Sword. Un titre peu évocateur, certes, mais le contenu dudit album rachète amplement la pauvreté du nom. Il suffit de dire que les créateurs envisagent en fait de publier des disques comme autant de chapitres et sous-chapitres d’une seule et unique gigantesque épopée musicale.
Une épopée portant sur – on l’aura deviné! – une épée magique qui offre de gigantesques pouvoirs à quiconque est en mesure de la manier. Mais gare aux pauvres mortels qui tenteraient de s’en emparer! Car l’épée est maudite: sa puissance découle directement de la force vitale de celui qui la brandit. La cause de notre héros aura beau être noble, il devra faire bien attention en luttant contre le Mal absolu.
Doit-on parler d’hommage quand l’album vient avec une courte bande dessinée racontant l’histoire de l’univers mis en scène par la musique? Ou est-ce plutôt un fantasme nerd pur et dur?
Quoi qu’il en soit, l’album s’écoute avec plaisir sans cesse renouvelé. Loin des sonorités torturées et sombre du darksynth (Perturbator, Tommy 86 et autres Carpenter Brut, avec leurs histoires d’invasions robotisées et de tueurs pervers en cavale), Magic Sword donne dans l’électronique véritablement rétro, avec moult batterie électronique, synthétiseurs à l’ancienne et accords de guitare évoquant le hair metal des belles années.
Bref, pour tout amateur de musique électronique qui se respecte, Volume 1 a des allures de passage obligé. Passage qui rappelle les scènes de la télésérie Stranger Things où les enfants jouent à Donjons et Dragons. L’aventure fantastique made in 80s, bref. Après tout, ce n’est pas parce que l’on s’évade vers un monde moyenâgeux merveilleux où existent des créatures improbables qu’il ne faut pas non plus penser à ce qui symbolisait le futur, à l’époque. Voitures tenant davantage du triangle isocèle que des modèles aux courbes d’aujourd’hui, vision dystopique de villes bétonnées aux lumières nocturnes éternelles… Un étrange mélange, mais un mélange qui fonctionne très bien.
Histoire d’éviter de s’asseoir sur leurs lauriers, les créateurs de Magic Sword ont aussi lancé un EP, Volume 1, Chapter 2, au printemps dernier. Le mini disque ne compte que trois pièces, et s’éloigne malheureusement un peu trop des inspirations chevaleresques du premier titre en y présentant plutôt de l’électronique plus grand public, touchant presque au dubstep. Incartade? Erreur de parcours? Évolution du style pour coller à l’évolution du récit? Pour 4$ US, on se laissera tout de même tenter, d’autant plus que la dernière pièce, The Curse, rachète à elle seule toutes les possibles errances des musiciens.
Après ces deux premiers chapitres, on attendra impatiemment la suite des aventures de Magic Sword et de leur épée maudite.