Le Centre d’histoire de Montréal présente l’exposition Fil de tendresse, fio de ternura du 1er février au 7 mai portant sur la relation entre les grands-parents et leurs petits-enfants dans la communauté portugaise. Alors que la Maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce a projeté le 31 janvier le film japonais Tel père, tel fils (2013) réalisé par Kore-eda Hirokazu racontant la réaction de deux familles dont l’enfant a été échangé à la naissance.
« Ce n’est que le même genre de relation que tu entretiens avec tes grands-parents », a affirmé un adolescent au chef de sa bande qui avait fait irruption dans un brouhaha cassant l’intimité de la petite salle. Probablement que ces jeunes espéraient un musée de la technologie avec des boutons sur lesquels peser et des présentations multimédias époustouflantes. N’empêche que le sous-chef n’avait pas tort puisque notre relation avec nos grands-parents ce n’est pas ce qu’on expose à ses amis ou au monde extérieur.
Joaquina Pires est la commissaire de cette exposition composée de citations, ainsi que des photographies de Fernando dos Santos et de vidéos de Francisco Peres en noir et blanc. Sous-titrés en français, vous n’avez pas besoin de mettre le casque d’écoute pour comprendre le propos de ces membres de la communauté. Par contre, d’écouter ces gens s’exprimer dans la langue portugaise vous permet de passer à un second niveau. « Ce sont des expressions de tendresse difficile à restituer dans une langue seconde et qui sonne faux lorsqu’on essaie de la traduire », a affirmé Mme Manuela Marujo, née en 1949.
« …je suis tributaire de son histoire à elle. Il y a quelques années, j’ai immigré en Amérique centrale. Lorsque j’ai commencé à envisager mon départ, ma migration, je me suis rendu compte que j’allais accomplir ce que toutes les femmes de ma famille avaient fait dans leur vie », a affirmé Tania Carreira, née en 1981.
« …c’est en pensant à vous que je me suis aventurée dans ce projet et que j’ai essayé le plus possible de me rappeler le long cheminement de ma vie (et de celles de vos mamans respectives). Au cas où un jour vous vous interrogeriez sur vos origines maternelles, vous aurez une source sûre et vous saurez qui je suis, d’où est-ce que je viens et ce que j’ai fait », a écrit Mme Odete Claudio, née en 1940, dans l’introduction de ses mémoires.
L’inné et l’acquis
De l’autre côté du globe, le cinéaste japonais Kore-eda Hirokazu remet en question la filiation en posant le problème de l’échange de deux enfants à la naissance. Les quatre parents l’apprennent alors que les enfants ont 6 ans et vont commencer l’école, une nouvelle étape d’intégration dans la vie sociale.
Dans les sociétés occidentales, les problèmes d’identité sont souvent abordés sous les angles de l’homosexualité, de la transsexualité ou du racisme. Alors que le dilemme posé dans ce film revêt un caractère insolite et universel dénoué avec justesse par l’emploi d’un langage visuel. À savoir, quelle est la nature particulière de l’attention que les parents ont donnée à leur enfant en pensant qu’il était de leur sang? Puis, les 6 ans passés avec lui ont-ils moins de valeur que de renouer avec le lien biologique?
De prime abord, les deux familles sont aux antipodes à tous les niveaux. Au moment où les enfants commencent à passer leur samedi dans l’autre famille pour s’adapter, un parallèle s’installe. Au souper, le père urbaniste montre à l’enfant comment bien tenir ses baguettes, tandis que le père grossier tousse au-dessus de l’assiette à partager. La rectitude de l’un et la contamination de l’autre sont de force égale d’un point de vue affectif.
Peu à peu, la dualité fait place à une symbiose.
L’exposition Fil de tendresse, fio de ternura est présentée du 1er février au 7 mai au Centre d’histoire de Montréal.
Le film Tel père, tel fils (2013) réalisé par Kore-eda Hirokazu est disponible dans un club vidéo près de chez vous.