On y engloutit des heures sans voir le temps passer: une nouvelle chaîne de montage ici, une augmentation de la production là… Factorio est un jeu qui semble relativement simple, mais dont la complexité intrinsèque alimente ce désir lancinant de perfection. D’où les séances prolongées et les nuits écourtées.
Développé par les employés de Wube Software, un studio installé à Prague, capitale de la République tchèque, Factorio place le joueur dans la position d’un voyageur mystérieusement égaré sur une planète regorgeant de ressources, mais également de dangers. On y retrouve une série de missions offrant des objectifs progressivement plus complexes, mais le coeur du jeu, la déclinaison qui semble représenter l’essence même du titre est son mode libre, où le héros doit, à l’aide de quelques outils de base, finir par construire une fusée capable d’atteindre l’espace, et ainsi échapper à ce monde étrange.
Pour rejoindre les étoiles, la partie débute avec une foreuse alimentée au charbon, un fourneau, lui aussi fonctionnant au charbon… et c’est à peu près tout. Si, heureusement, le jeu offre quantité de gisements de ressources (charbon, fer, cuivre, pierre, bois et pétrole), tout est à construire: les foreuses, les fourneaux pour transformer les produits bruts, les usines permettant d’automatiser la production de biens et de composantes plus sophistiquées, sans oublier les laboratoires donnant accès à des technologies plus poussées. Car oui, il faudra aussi effectuer de la recherche scientifique. Et donc fabriquer les substances nécessaires pour réaliser ces recherches.
Factorio, c’est donc un immense terrain de jeu logistique et industriel où il faudra veiller au grain à la production et à la transformation de diverses ressources, et ainsi satisfaire aux exigences liées aux nombreuses recherches scientifiques, exigences qui sont toujours plus élevées. Il n’est pas surprenant, après tout, que pour construire des bâtiments plus efficaces et sophistiqués, ainsi que pour produire des biens plus complexes, il soit nécessaire d’exploiter toujours plus de gisements de ressources naturelles, avec les exigences logistiques et énergétiques que cela suppose.
Le jeu a beau toujours se trouver en accès anticipé – on annonce l’arrivée incessante de la version 0.15, qui ajoutera entre autres de l’uranium et la possibilité de construire des réacteurs nucléaires -, les fonctionnalités sont déjà extrêmement nombreuses. On peut bien sûr tenter de s’en tenir au strict minimum et tâcher d’éviter de trop complexifier ses diverses usines, mais les plus audacieux ou les plus aventureux pourront construire des rails de chemin de fer et ainsi créer des réseaux de ravitaillement couvrant de très grandes distances, ou encore s’attaquer à des questions de programmation et de création de circuits logiques, le jeu offrant plusieurs composantes et règles en ce sens. Pour un titre qui ne fait que 400 mégaoctets en téléchargement, l’audace donne le tournis.
Bien sûr, il est facile de s’en tenir à 400 mégaoctets quand on possède une banque d’effets sonores limitée et une bande sonore qui l’est tout autant. Mais la beauté, l’attrait indéniable et presque addictif de Factorio, ce ne sont pas les artifices visuels ou sonores: c’est ce désir latent, cette pulsion, cette sensation qui prend le joueur au ventre et qui le pousse à passer des heures, clavier et souris en main, pour tenter d’optimiser un peu plus sa production de minerai de fer. Fer qui sera moulé sous forme de plaques, qui deviendront de l’acier, qui serviront à la conception de batteries, qui alimenteront en énergie les robots, qui aideront le joueur dans ses démarches, en plus de défendre le territoire.
Car oui, il y a des ennemis dans Factorio: les voraces bitters, une espèce probablement originaire de la planète et qui, si le joueur ne désactive pas l’option avant de lancer la partie, attaqueront les bâtiments et les structures logistiques au fur et à mesure du déroulement du jeu. Pour protéger tout cela, il sera nécessaire de fabriquer murs d’enceinte, tourelles de défense, chargeurs, voire combustible pour lance-flammes ou encore obus. Avec un peu de patience, il est même possible de construire des blindés qui pourront être lancés à l’assaut de l’ennemi, entre autres pour récupérer de précieux artefacts extraterrestres servant à rechercher les technologies les plus poussées.
Bref, c’est cela, Factorio. Et encore, on n’a pas encore parlé de la communauté de joueurs rassemblée sur l’agrégateur de contenu Reddit, et qui y échangent suggestions, captures d’écran et nouvelles sur le développement du jeu. On n’a pas non plus abordé la question des mods, qui sont nombreux sur la page Steam du jeu, et qui peuvent profondément transformer l’expérience du joueur. Et, bien sûr, on n’a pas parlé des joueurs les plus cinglés, ceux qui programment des horloges ou des jeux d’échec sur leur planète, en utilisant des relais, des circuits logiques et autres techniques encore trop avancées pour ce journaliste, qui s’en tient toujours aux convoyeurs et aux solutions « à la pièce », plutôt que de carrément sortir le papier quadrillé et de faire des plans avant de les recréer dans le monde virtuel. De peur de perdre pied et de ne plus s’y retrouver, probablement.
Offert à 25$ sur la plateforme Steam, Factorio passionnera les amateurs de détails, les fous de l’organisation, et même les curieux qui se disaient qu’ils avaient justement trop de temps libre, et que le sommeil était une chose surfaite.
Un commentaire
Pingback: Satisfactory, l’ambition au bout des doigts