Le nouveau gouverneur de l’État du Dakota du Nord, Doug Burgum a affirmé que le passage du Dakota Access Pipeline (DAPL) par la réserve autochtone de Standing Rock sera approuvé dès que M. Donald Trump deviendra président. L’intervention à la mi-novembre de l’Army Corps of Engineers (ACE) déclarant que le pipeline ne sera pas achevé tant qu’on ne connaîtra pas l’impact sur l’environnement a donné un moment de répit aux Sioux.
Le 19 août, l’ex-gouverneur de l’État du Dakota du Nord, Jack Dalrymple a déclaré l’état d’urgence. Ce conseiller du candidat républicain, Donald Trump pendant de la campagne électorale à fait venir 200 shérifs et la National Guard pour prêter main-forte à la force de sécurité de l’oléoduc, le tout orchestré par la firme de l’État de Caroline du Nord, TigerSwan, au service du gouvernement américain en Afghanistan et en Iraq, rapporte le journaliste Wes Enzinna dans le magazine Mother Jones de janvier. Tout cet attirail s’est arrêté devant les barricades érigées par les Sioux sur la route 1806.
Dans le coin gauche, les Sioux de Standing Rock allaient bientôt être épaulés par une centaine de jeunes Autochtones joggant à partir de l’État de l’Arizona, et ils attendaient une cinquantaine de chevaux provenant de la réserve Ogala-Sioux. Pour la deuxième fois depuis 1862, le Seven Council Fires a organisé une cérémonie afin de démontrer l’unité des nations sioux. Depuis, ils ont reçu le support d’activistes, de groupes environnementalistes, de vétérans de l’armée américaine et de « stars » d’Hollywood protestant dans le camp du Dakota du Nord, rapporte Reuters le 13 janvier.
Le camp constitué de tipis, de tentes et de campeurs motorisés a compté jusqu’à 5000 personnes. Un nombre qui a diminué à mesure que l’hiver soufflait sur les plaines. La réserve qui compte moins de 9000 habitants demeure l’un des derniers endroits où les bisons errent en liberté. « Une ancienne prophétie raconte qu’un serpent noir va venir détruire le monde à un moment d’une grande incertitude », a révélé un jeune Sioux à Mother Jones, « à moins que les jeunes l’arrêtent ».
Le mouvement « NoDAPL » s’oppose à l’oléoduc à cause des risques de contamination de l’eau potable, de destruction de l’héritage culturel et du fait injuste, encore une fois pour les Autochtones, de faire des sacrifices pour les gains économiques des autres.
Bouc émissaire
Aux États-Unis, les Autochtones ont plus de chance de se faire tuer par un policier que n’importe quel autre groupe racial. Plus d’un Autochtone sur quatre vit dans la pauvreté et le revenu annuel moyen dans la réserve de Standing Rock est de 4 421 dollars américains. Le taux de chômage chez les Autochtones est presque le double de celui de la population américaine en général, rappelle Mother Jones. Le Prairie Knights Casino and Resort est le principal employeur de la région.
Le président désigné M. Donald Trump a probablement exploré l’idée de privatiser les réserves, affirme le professeur de philosophie de la chaire Timnick au Michigan State University, Kyle Powys Whyte dans The Conversation du 5 janvier. En 1978, M. Donald Trump a fait partie de ceux qui ont investi des millions de dollars afin que la nation des Eastern Pequots obtienne la reconnaissance fédérale, un statut qui leur a été accordé en 2002, rapporte l’historienne de l’Université Paris-X-Nanterre, Nelcya Delanoë dans la revue scientifique Recherches amérindiennes au Québec de 2015. Ainsi, la privatisation d’une réserve facilite le passage d’un pipeline, le développement de l’industrie du jeu et délimite une zone où s’adonner à des activités illégales ou immorales.
À cet engrenage, s’ajoute le racisme généralisé envers les Autochtones. La plupart des Américains pensent que les Autochtones doivent sacrifier leurs cultures, leurs économies et leur autodétermination politiques pour l’amour des aspirations des hommes d’affaires dans l’intérêt des États-Unis, d’après le professeur Kyle Powys Whyte. La protestation de Standing Rock a été ignorée jusqu’à ce que les gardes de sécurité privés envoient des chiens sur les manifestants. Après l’arrestation de quelques journalistes, l’enjeu a été diffusé à l’échelle nationale.
Au mois de décembre, le président Barack Obama a refusé un allègement à la compagnie Energy Transfer Partners (ETP) qui lui aurait permis de compléter un des segments finaux du DAPL mesurant 1 100 miles, afin de connecter les champs pétrolifères de l’État du Dakota du Nord aux terminaux des raffineries de l’État de l’Illinois.