Rien de plus diversifié que les revues de l’année en science: d’un magazine de vulgarisation à l’autre et d’une publication scientifique à l’autre, il y a rarement consensus sur ce qui fut « la » percée de l’année, chacun y allant plutôt de ses listes préférées.
Mais il est tout de même deux choses qui ressortent cette année de toutes les listes, aux deux extrémités de l’univers.
Les ondes gravitationnelles
Ce « signal » émis il y a 1,3 milliard d’années, les physiciens l’espéraient depuis des décennies. Il a fallu la mise en marche de l’observatoire américain LIGO (Laser Interferometer Gravitational-Wave Observatory). La détection d’ondes gravitationnelles pourrait être rien de moins que la naissance d’une nouvelle astronomie : une lentille jusqu’ici inédite pour découvrir des dessous insoupçonnés du cosmos. La revue Nature inscrit par ailleurs la physicienne Gabriela Gonzalez dans sa liste des « 10 personnes clefs de l’année », elle qui a dirigé le travail de près d’un millier de personnes qui ont mis cinq mois à décortiquer les données avant de pouvoir confirmer cette découverte — tout en réussissant à garder le secret, ce qui n’était pas la partie la plus simple de l’histoire.
Jongler avec les gènes… et l’éthique
L’autre extrémité de l’univers, c’est nous. Il y a à peu près 20 ans qu’une percée en génétique figure chaque fois parmi les découvertes de l’année, mais cette fois, ce n’est plus de percées dont on parle, mais de prudence et même d’inquiétudes.
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Le premier « bébé à trois parents » dont les médias ont annoncé la naissance en septembre se porte bien, et au moins deux autres sont à venir en 2017, prenant de vitesse les réflexions éthiques.
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Une technologie de manipulation génétique appelée séquençage par nanopores est entrée sur le marché cette année — une compagnie britannique a commercialisé le premier appareil. Parce qu’elle permet de déchiffrer l’ADN en quelques heures et avec plus de précision, on s’en sert déjà comme outil de diagnostic ou de suivi d’une maladie infectieuse : le séquençage d’Ebola s’est fait en partie grâce à elle. Mais en même temps, on est loin d’une précision de 100 % et les articles scientifiques parus notent la présence de « bruit de fond », soit un taux élevé d’incertitude. Ce qui pose des questions éthiques sur son usage peut-être trop hâtif comme outil diagnostic.
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Petite victoire sur le front éthique avec la technologie CRISPR de manipulation génétique : un des pionniers de la technologie, le biologiste américain Kevin Esvelt qui, depuis 2014, réclame lui aussi un temps de réflexion, a vu ses efforts porter fruit cette année. Des discussions publiques ont surgi pour la première fois et un rapport de l’Académie américaine des sciences a recommandé la prudence. Parallèlement, CRISPR a fait son entrée au tribunal, déchirée par une lutte entre deux équipes pour s’en approprier le brevet.