Si l’on ne compte plus les « innovations » faisant entre autres appel aux téléphones intelligents, Nectar, un projet montréalais mené par Marc-André Roberge et ses collègues, réussit à se démarquer d’une façon particulièrement originale.
L’idée derrière Nectar? Simplifier l’apiculture – la production de miel et l’entretien des abeilles qui le fabriquent – en transformant des techniques souvent centenaires, voire millénaires, pour les adapter au 21e siècle. Dans cette perspective, l’équipe a mis au point un senseur que les apiculteurs placent dans une ruche; l’appareil mesure ensuite plusieurs facteurs environnementaux (température, humidité, etc.) et transmet ces informations à des applications et des systèmes de communications déjà existants pour appareils roulant sous le système d’exploitation mobile iOS.
L’idée derrière l’aspect convivial de Nectar est que cette méthode d’intégration transforme ces données pour en tirer des messages clairs et précis qui sont adressés à l’apiculteur, facilitant ainsi les décisions à prendre, au besoin.
« En ce moment, nous sommes quatre cofondateurs… Nous ne sommes pas très hiérarchisés dans notre façon de faire les choses », explique en entrevue M. Roberge, qui possède officiellement le titre de président, mais qui, à l’image de ses trois collègues, touche un peu à tout dans le développement de Nectar.
« On a tous nos forces et nos parcours professionnels. Par exemple, j’ai de l’expérience en design et en gestion. »
« Je suis apiculteur depuis quelques années… Ça fait trois ans que, personnellement, j’ai appris à la dure que c’est difficile de prendre soin des abeilles; cela n’a rien à voir avec le fait de s’occuper de poissons rouges! Je me suis rendu compte que je n’étais pas le seul dans cette situation, et que même des personnes ayant plusieurs années d’expérience continuaient de perdre des abeilles à chaque année, voire des ruches complètes. »
« En poussant la réflexion un peu plus loin, on a découvert que les gens ont de la difficulté à comprendre leurs abeilles; lorsque tu as plusieurs années d’expérience, tu peux mieux saisir les signaux envoyés par les abeilles. On s’est dit que ça serait cool si on pouvait comprendre ce que disent les abeilles », poursuit M. Roberge, avant de rappeler que les méthodes au coeur de l’apiculture n’ont pas vraiment changé depuis « 100, 150 ans ».
Alors que l’apiculture urbaine gagne en popularité, parallèlement à la multiplication des jardins dans les cours, sur les toits, et même en bordure des trottoirs des grandes villes, Nectar pourrait s’avérer non seulement utile pour les exploitants expérimentés oeuvrant à la campagne, mais aussi pour les néophytes qui désirent se réapproprier le béton métropolitain.
L’équipe de Nectar collabore entre autres avec la coopérative Miel Montréal pour tester le senseur; sur son site web, l’entreprise permet aussi aux exploitants de s’inscrire pour une période d’essai.
« Nous ne sommes pas les premiers à essayer le monitoring des ruches avec des systèmes embarqués », mentionne Marc-André Roberge. « Mais nous sommes les premiers à vraiment prendre soin des gens qui prennent soin des abeilles, à les épauler, le tout en fonction de leur aisance et de leur expérience. »