En tandem avec son homologue russe, le président Donald Trump a tweeté le 22 décembre qu’il était en faveur de renforcer et d’accroître la capacité des États-Unis en matière d’armement nucléaire. En parallèle, un citoyen russe pilote le mouvement indépendantiste californien, d’après le quotidien catalan La Vanguardia du 10 décembre.
Il est 13h à Iekaterinbourg en Russie et minuit à Los Angeles aux États-Unis, au moment où le chef du mouvement pour que l’État de la Californie se sépare du pays, Louis Marinelli, s’assoit pour dîner dans un Double Bar & Grill. Iekaterinbourg est la quatrième plus grande ville de Russie du côté sibérien, dans la région de l’Oural.
Né et ayant grandi aux États-Unis, le chef des séparatistes a longtemps entretenu un sentiment patriotique à l’égard des États-Unis. À l’adolescence, il se voyait travailler pour la fonction publique américaine. « La Californie est une société beaucoup plus ouverte et tolérante, inclusive pour les immigrants ou les gens d’orientation sexuelle différente », a-t-il affirmé.
Petit à petit, il s’est rendu compte que les changements politiques ne pourraient s’accomplir que dans une Californie indépendante. « Nous pourrions faire adopter la réforme migratoire russe, donner un statut légal aux immigrants sans papiers, en plus d’imposer un contrôle des armes à feu et de donner accès aux soins de santé universels », poursuit-il.
Si Louis Marinelli arrive à obtenir un demi-million de signatures avant la fin de l’année 2017, il va tenir un référendum sur l’indépendance de l’État en 2019. Il dirige le mouvement Yes California à 10 000 km de distance tout en enseignant l’anglais dans une école de langue, ainsi qu’en préparant le terrain pour une ambassade californienne à Moscou avec l’aide d’un groupe antiaméricain appuyé par le Kremlin.
La Russie est reconnue pour courtiser les partis d’extrême-droite et les opposants aux partis de l’establishment en Europe. Les politiciens de droite de tout le continent sont des visiteurs réguliers de Moscou, de la Crimée que la Russie a occupée en 2014 et des parties rebelles de l’Ukraine, là où il y a eu des « observateurs » douteux lors des élections et du référendum, rappelle le quotidien.
Cependant, Moscou maintient également des contacts avec des mouvements de gauche et des séparatistes qui s’opposent à ce que l’on conçoit comme le domaine global américain. Ces organisations politiques aident le Kremlin à semer la discorde entre les États-Unis et leurs alliés européens et à répandre son message sur des conflits comme l’Ukraine et la Syrie, d’après une étude récente du centre de recherches Political Capital de Budapest en Hongrie.
Yes
La plateforme Yes California s’est inspirée de la plateforme Yes Scotland du mouvement indépendantiste écossais, qui a tenu un référendum en 2014. Le vice-président et auteur de l’ouvrage California’s Next Century, publié en 2012, Marcus Ruiz Evans, dirige la campagne à partir de l’État.
La campagne ne reçoit pas de financement étranger et les dons sont versés par des partisans californiens à même le site internet, d’après le chef du mouvement Marinelli déménagé en Russie avec son épouse au mois de septembre pour des raisons de visa.
À la suite de l’élection de Donald Trump, le groupe marginal des séparatistes de Californie a triplé le nombre de « j’aime » sur sa page Facebook, de 11 000 à 29 000 contre 43 000 pour les républicains et 40 000 pour les démocrates.
« S’ils veulent diviser les États-Unis, ils s’y prennent tard parce que le pays est déjà divisé », lance Marinelli se moquant de l’idée que la Russie essaye de semer la discorde et de créer des divisions en Amérique.