Vincent Garenq renoue avec les failles de la justice française dans son plus récent film Au nom de ma fille, où il permet à Daniel Auteuil de briller majestueusement. Sans être immanquable, ce drame poignant vaut certainement l’écoute pour ceux qui l’ont manqué en salles.
L’injustice est partout dans ce bas monde, mais rarement autant que pour André Bamberski qui s’est battu pendant trente ans pour faire triompher la vérité face à la mort de sa fille chérie, sacrifiant sa propre vie pour celle qui s’est terminée trop vite. Bien que librement inspiré du fait réel, le film de Garenq n’en est pas moins bouleversant, porté avec grâce par la performance haletante de Daniel Auteuil.
Évoquant l’obsession qui a nourri le trio maudit du brillant Zodiac de David Fincher, tout comme la force de conviction qu’on observe impuissant dans le Prisoners de Denis Villeneuve, Garenq transforme le désir de son protagoniste en vendetta personnel. Le hic toutefois, c’est qu’en voulant accélérer le processus, il finit par noyer son récit, accumulant les ellipses à la vitesse de l’éclair, lui donnant rapidement des airs de téléfilm. Le film a après tout une durée surprenante d’à peine une heure trente pour couvrir les trois décennies du récit. Le spectateur saute ainsi les années et les époques et se perd dans les dates, ne trouvant pas toujours le moyen de garder le rythme avec la dévotion ultime du personnage principal.
C’est d’autant plus dur d’assimiler l’ensemble face à une distribution qui ne donne pas autant qu’Auteuil. À ses côtés, Sebastian Koch fait un drôle d’ennemi, peu menaçant dans le rôle de l’homme qui lui a volé sa femme puis présumément sa fille, alors que Marie-Josée Croze se retrouve avec un rôle particulièrement ingrat.
Ainsi, bien qu’on en retrouve l’essence, Au nom de ma fille est loin d’apporter le même impact que le plus réussi Présumé coupable du même réalisateur. Toutefois, il est pratiquement impossible d’en ressortir avec indifférence tellement l’émotion l’emporte et que le tout demeure rassembleur même dans ses travers les plus tordus.
6/10
Au nom de ma fille est en DVD depuis le 4 octobre dernier.