La réputation de l’auteur Jean-Jacques Pelletier n’est plus à faire. Celui qui a accédé au rang sélect des auteurs québécois ayant fait leur marque dans le suspense et la littérature policière, entre autres avec la série rattachée à l’univers de La Chair disparue, récidive avec Bain de sang, une oeuvre qui se démarque peu de son style habituel. Pour le meilleur, et pour le pire.
Pour l’inspecteur Henri Dufaux du Service de police de la ville de Montréal, la découverte d’un homme exsangue dans une baignoire remplie de sang signifie le début d’une enquête complexe et riche en cadavres qui finira par impliquer la mafia ukrainienne, les motards et le Service canadien du renseignement de sécurité. Une valse particulièrement dangereuse entre forces de l’ordre, espions et criminels.
Pour le lecteur qui aura déjà fait connaissance avec Pelletier, justement en lisant les romans liés à la série de La Chair disparue, le personnage d’Henri Dufaux ne surprendra pas. Un policier aux portes de la retraite, avec une méthode de faire bien à lui, et qui se considère quelque peu déphasé par rapport à l’époque dans laquelle il semble forcé de vivre. Entouré d’une équipe de jeunes policiers hors de l’ordinaire, Dufaux est confronté, tout au long du roman, à sa propre déconnexion par rapport à la culture populaire. Que ce soit du côté des réseaux sociaux, des médias électroniques, des vêtements aux logos éclatés qu’il est possible de se procurer en ligne pour quelques dollars, ou encore des jeux vidéo, Dufaux fait presque figure de vieux réactionnaire. On n’est bien honnêtement pas très éloignés d’un autre policier, l’inspecteur Théberge, qui apparaissait entre autres dans L’Argent du monde, la « suite » de La Chair disparue.
Bref, Pelletier n’innove pas beaucoup avec ses personnages principaux. Expose-t-il sa propre perception des nouvelles tendances et technologies?
Côté scénario, c’est un peu plus réussi: l’histoire est suffisamment étayée et le suspense est amené de telle sorte que le lecteur embarque facilement dans l’intrigue. D’autant plus que les cadavres se multiplient rapidement et que la complexité de l’affaire porte à réfléchir? S’agit-il d’une vengeance des réseaux criminels? Jusqu’à quel point le SCRS est-il impliqué? On nous tient en haleine jusqu’à la toute fin… où Pelletier bâcle malheureusement la finale en sortant quelques lapins de son chapeau.
Bref, Bain de sang plaira aux amateurs du genre, mais surtout aux amateurs de Jean-Jacques Pelletier. Cela ne signifie en rien que le roman soit ennuyant, ou mal écrit. Simplement, peut-être, que dans ce cas-ci, impossible de ne pas établir de parallèle avec certains des livres les plus connus de l’auteur, et de constater que bien peu de choses ont changé.