Sur le plateau, un jeune homme renfermé en pleine crise d’adolescence voue une étrange admiration aux morts-vivants. Selon lui, son travailleur humanitaire de père s’intéresserait davantage à lui s’il avait l’apparence morbide d’un zombie. Et pour les spectateurs, l’histoire du Garçon au visage disparu vient de commencer.
La pièce de Larry Tremblay, une production du Théâtre Le Clou et de La Manufacture présentée sur les planches de La Licorne, mets ainsi en vedette Jérémy, un adolescent qui se passionne pour les morts-vivants et les oeuvres qui entourent le phénomène. En colère contre son père, mais aussi en colère contre la planète entière, le personnage semble sombrer de plus en plus dans la violence, allant jusqu’à passer sa frustration sur une vieille dame.
Mais cela s’est-il vraiment produit? Jérémy souffre-t-il plutôt de problèmes de santé mentale? Et que faire de l’affirmation de sa mère selon qui son fils a littéralement « perdu son visage »? Les théories s’entrecroisent pendant l’heure que dure la pièce, et plus le temps passe, plus les réponses semblent nous échapper. On hésite entre la comédie d’horreur et le thriller, et l’idée de transposer l’action sur un plateau de tournage, avec les comédiens jouant les rôles d’acteurs jouant… hé bien, leurs personnages, semble tenter d’installer une distance entre le public et le texte de la pièce. À croire que l’équipe créatrice tente de se distancer de l’oeuvre. Car il ne faut pas s’y tromper: l’ajout d’une « couche » scénaristique, celle du tournage d’un film, n’apporte malheureusement rien à ce Garçon au visage disparu. Il eut pourtant été intéressant d’explorer une histoire à deux niveaux, une sorte de « pièce dans une pièce ».
Tout n’est néanmoins pas à jeter dans cette oeuvre: l’exploration des aspects les plus sombres du texte, lorsque Jérémy commence à se demander s’il devient effectivement fou, ou s’il est véritablement victime d’une malédiction, est un passage particulièrement bien écrit et prenant. Malheureusement, à trop vouloir passer du coq à l’âne en ajoutant une bonne dose de comédie de situation, on tue la tension naissante. Idem pour la fin du « film », qui n’a pas spécialement de sens. Au mieux, aura-t-on souri à l’évocation d’une équipe de production zombifiée, y compris le relationniste.
Le garçon au visage disparu, de Larry Tremblay. Mise en scène de Benoît Vermeulen, avec Julie McClemens, Christian E. Roy, Alice Moreault et David Strasbourg. Présenté à La Licorne jusqu’au 25 novembre.