Une rupture amoureuse fait mal, plus souvent qu’autrement. Surtout quand les enfants du couple doivent apprendre à vivre en fonction de la nouvelle réalité où papa et maman font chambre, ou encore appartement à part.
De cette douleur naît habituellement une sorte de passage à vide, parfois long de plusieurs mois, où les partenaires se remettent en question. Pour Mathéo, abandonné par Marilou le lendemain de Noël, le choc est rude. Le jeune homme en perd l’inspiration professionnelle (il est écrivain), et, surtout, le désir sexuel. C’est cette volonté de s’affranchir de cette chape de plomb bien peu charnelle qui le poussera à faire appel à une prêtresse vaudou dans ces Aventures érotiques d’un écorché vif, le nouveau roman de Gabriel Anctil publié dans la collection Quai No 5 chez XYZ.
Présenté comme une fiction inspirée de faits vécus, ce récit cumule les incongruités et les effets de style lourds et pénibles. Si l’on peut presque accepter sans trop de questionnements l’aspect surréel de cet appel à la magie vaudou pour relancer la vie sexuelle du protagoniste, cela n’excuse certainement pas le fait que ce dernier agisse de façon désordonnée, voire parfois carrément ridicule.
Oui, une rupture fait mal. Oui, pour les gens concernés, cela peut avoir l’effet d’une bombe et provoquer l’effondrement d’un univers émotionnel et psychologique au sein duquel ils évoluaient en vase clos. Mais l’attitude de Mathéo pose problème. Comme s’il n’était aucunement responsable de la fin de sa relation. Comme si Marilou avait tous les torts, y compris celui d’être une mère indigne pour ses deux fils.
Mais, direz-vous, que vient faire l’érotisme dans toute cette histoire? On aurait pu croire que l’enchantement de la prêtresse vaudou déclenche une rage sexuelle chez Mathéo, et que celui-ci se comporte à l’image du personnage de Michael Fasbender dans Shame, par exemple… Il n’en est cependant rien. Notre nouveau célibataire va plutôt multiplier les rencontres, rencontres qui seront presque toujours structurées de la même façon, d’ailleurs, et qui se termineront bien souvent en queue de poisson.
En fait, pour un livre dont le titre comporte le mot « érotisme », celui-ci en est pourtant désespérément absent. On a plutôt droit à des descriptions pornographiques de bas étage, où l’auteur multiplie les termes crus sans pour autant émoustiller qui que ce soit (à part lui-même, probablement).
Ajoutez à cela des passages où le protagoniste est interrompu dans un dialogue pour plutôt faire place à des réflexions sur la société québécoise, réflexions qui cassent le rythme sans apporter grand chose de neuf, et vous obtenez un livre étrange, qu’on referme en se demandant bien pourquoi il était nécessaire d’en lire l’intégralité. Quelques bonnes idées sont saupoudrées ici et là, mais Les aventures érotiques d’un écorché vif ne sont jamais en mesure de décider si elles sont effectivement un récit à saveur sexuelle, une réflexion sur le célibat, ou simplement un coup de gueule littéraire brouillon contre l’amour, le sexe, l’urbanisme, la souveraineté, les femmes… bref, la vie en général.
Les aventures érotiques d’un écorché vif, de Gabriel Anctil, publié chez XYZ, 381 pages.