Même si la coalition qui gouvernera l’Islande n’a pas encore été formée, la plupart des grands médias ont annoncé la victoire du Parti de l’indépendance aux élections du 29 octobre. Le rédacteur en chef du webzine Reykjavik Grapevine, Paul Fontaine, critique la mésadaptation de la presse étrangère au contexte atypique islandais.
Que ce soit la promesse électorale du premier ministre canadien Justin Trudeau de réformer le mode de scrutin uninominal à un tour, le bipartisme de la campagne électorale américaine occultant la troisième voie des candidats indépendants ou le blocage de la Wallonie dans la signature du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, ces exemples démontrent la divergence des systèmes politiques.
Malgré cette évidence, les grands médias ne tiennent pas compte de la spécificité du contexte politique islandais, notamment lors de la dernière campagne électorale, rapporte Paul Fontaine. La montée du soutien populaire à l’irrévérencieux Parti pirate faisait un sujet captivant pour la presse étrangère. Cependant, lorsque le Parti de l’indépendance a remporté le nombre de sièges le plus élevé le 29 octobre, les journalistes ont quitté comme si leur flamme était éteinte.
Pourtant, le processus électoral islandais n’accordait pas la victoire au Parti de l’indépendance. À ce jour, les Islandais ne savent pas encore comment sera composée la coalition qui gouvernera leur pays. De plus, même avec dix sièges sur 63 et son opposition idéologique aux conservateurs mandatés par le président Guðni Th. Jóhannesson de former la coalition, le Parti pirate n’est pas exclu de ces discussions, assure le rédacteur en chef.
Au lieu de s’adapter au contexte politique islandais afin de couvrir adéquatement le processus démocratique du peuple insulaire, les grands médias ont préféré rechercher des sources afin de remplir leur propre trame, poursuit-il. Cette critique amène à se demander en quoi le traitement des nouvelles internationales des grands médias est perméable à une autre forme de démocratie, et ce, en Occident ?
À la suite des révélations de surveillance policière de six journalistes à Montréal et tenant compte du problème récurrent de la brutalité policière aux États-Unis, la faible présence policière en Islande – quatre policiers pour 60 000 habitants – est un autre facteur qui différencie le contexte politique islandais.