Au quatorzième opus de la supra-populaire franchise appelée communément MCU pour les intimes et le Marvel Cinematic Universe pour les autres, il est de mise de demander si cette dernière a encore la capacité de se renouveler alors qu’on questionnait précédemment le sentiment de recette éprouvée qui en ressortait. En essayant de tâter de nouveaux territoires, sans crier eurêka trop vite, on peut tout de même avouer qu’il y a encore du potentiel à y déceler.
Les Avengers et leurs confrères ont fait plus jaser que n’importe quelle franchise dans les dernières années et ils ont aussi accumulé des profits qui font pâlir d’envie pas mal n’importe qui. Le plus étonnant encore, c’est que la franchise a à peine une décennie d’existence alors que le premier long-métrage ayant lancé le tout, Iron Man, date de 2008!
Néanmoins, face à un univers aussi riche que les superhéros Marvel de Stan Lee, qui s’amuse encore à faire son fidèle cameo dans pratiquement chaque installation de la série, on doit admettre qu’on prend toujours un malin plaisir lorsqu’on tente autre chose que le canevas type dudit superhéros, ce qui expliquerait probablement pourquoi le détonnant et inattendu Guardians of the Galaxy apparaît majoritairement comme l’un des favoris, ses inspirations ayant davantage à voir avec Star Wars et Star Trek que n’importe quel Captain America.
Bien que seul dans ma catégorie, c’est aussi pourquoi j’ai une préférence pour les films de Thor puisqu’ils savent prioriser un humour slapstick qui va au-delà des one-liners, mais aussi parce qu’ils impliquent des Dieux, donc un univers qui fait davantage voyager et développer l’aspect plus fantastique de la franchise.
C’est ainsi, avec une prémisse qui a tout d’un bon soap télévisuel de fin d’après-midi, que Doctor Strange vient se situer en voulant en bonne et due forme « élargir » notre univers et par le fait même nos horizons et notre définition des limites. C’est donc en continuant de pousser des cinéastes provenant de différentes sources qu’on s’amuse ici à dénaturer Scott Derrickson qui retrouve ses comparses scénaristes pour donner quelque chose qui n’a rien à voir avec tous les films d’horreur qu’il a fait par le passé, incluant le splendide Sinister. Aidé d’une belle équipe, on notera surtout l’arrivée du grand Michael Giacchino qui livre sans conteste la trame sonore la plus intéressante de tout le MCU, beaucoup plus aventureuse et moins générique qu’à l’habitude, n’en déplaise pour certains thèmes à des similitudes assez évidentes avec les récents Star Trek, dont il est également le compositeur.
Il faut donc, après une intrigante introduction, suivre le quotidien de notre protagoniste pour bien comprendre sa détresse lorsque ce dernier s’avère chamboulé suite à un accident. Variante étonnante toutefois, délaissant le côté « mutation » des superhéros Marvel habituels, il faudra attendre le retour de la toujours magnifique Tilda Swinton dans le rôle controversé du Ancient One pour avoir droit à un entraînement qui n’a rien à voir avec ce qu’on nous a habitués précédemment, alors que notre héros-en-devenir trouvera la force en lui et non aux suites de son handicap.
C’est lorsqu’on commencera à jouer avec le réel, l’irréel, le possible et l’impossible et tout ce qui en découle, que le plaisir commencera véritablement et qu’on pourra savourer dans toute sa splendeur la crème de la crème des effets spéciaux face à un visuel tout simplement renversant. Et c’est sûrement là que le bât blesse puisqu’au bout du compte, le film ne sera jamais plus intéressant et réussi que ses trucages d’images qui font pratiquement pâlir le Inception de Christopher Nolan dont il s’est clairement inspiré.
Puisque voilà, malgré ce qu’il semble clamer, disons que ce nouvel opus et nouveau personnage des Avengers n’a pas nécessairement droit à l’histoire la plus originale au-delà des clichés et des mille et une quétaineries qu’on peut exposer. L’ensemble avançant à un rythme familier et prévisible dont l’excitation ne trouve que peu de surprises. Comme quoi même la présence des toujours excellents Mads Mikkelsen, Chiwetel Ejiofor, Michael Stuhlbarg et Rachel McAdams, en plus d’un sympathique Benedict Wong qui fait un obstacle amusant au charmeur Benedict Cumberbatch, est souvent sous-utilisée, l’ensemble étant trop occupé à suivre la liste à cocher des éléments à inclure pour être sûr que le MCU de Disney’s Marvel puisse perdurer encore longtemps.
Enfin, ne méprenons pas notre plaisir. Beau pour les yeux et déconcertant pour un film de Marvel, on l’apprécie puisqu’il nous transporte ailleurs et qu’il ose quand même ici et là, démontrant un changement de cap nécessaire dans la troisième phase du MCU. Son succès est déjà garanti et évident alors que les fans se démultiplieront à la vitesse de l’éclair.
Pour les autres, encore à la recherche d’une véritable « magie » dans tout ceci, on leur dira d’attendre, de ne pas perdre espoir et de sourire gentiment à la première scène cachée, géniale, qui prouvera de meilleurs lendemains (on doit quand même attendre non pas deux cette fois, mais bien trois films de la franchise l’an prochain) que celle davantage prévisible et désolante à la toute fin du générique. Pour le jeu des illusions, disons qu’on pouvait s’attendre à bien pire, ce qui est déjà ça de gagné.
7/10
Doctor Strange prend l’affiche en salles ce vendredi 4 novembre.
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