Présenté lors de la plus récente édition du Festival de Cannes où il aurait été accueilli avec une ovation, disons que le film Mal de pierres ne manque pas de prestige. Pourtant, de l’avoir choisi comme film d’ouverture, vu son impact plutôt ordinaire au bout du compte, en fait une décision singulière, autre le fait que ses scénaristes et sa réalisatrice soient là pour accompagner sa projection ce jeudi soir 3 novembre.
Nicola Garcia co-scénarise et réalise l’adaptation du roman italien du même nom avec une belle sensibilité. Bien entourée, son fidèle collaborateur Jacques Fieschi l’aide à l’écriture, le surdoué Christophe Beaucarne aux images et l’exquis compositeur britannique Daniel Pemberton se fait plaisir en démultipliant les cordes et les clichés possibles du mélodrame pour embellir en musique le drame qui se dévoile sous nos yeux.
Mieux, si la retenue de Alex Brendemühl est attachante et que malgré l’abondance de ses tiques habituelles Louis Garrel est l’incarnation idéale de l’amant improbable, c’est la sublime Marion Cotillard qui brille à nouveau. En effet, elle offre encore tout ce qu’elle a malgré son âge défaillant et les fils blancs de son rôle, prouvant pour la énième fois, avec intensité, pourquoi elle est l’une des plus grandes actrices qu’on peut avoir la chance de voir à l’écran.
Certes, cette romance d’époque parfaitement bien retransmise d’une jeune fille un peu singulière qui se retrouve dans un mariage qu’elle ne désire pas suit toutes les conventions à la lettre (il y a même l’effet « maladie » !), ce qui peut expliquer le classicisme de la mise en scène, mais on regrette qu’on essaie de sortir des sentiers battus en misant tout, mais absolument tout sur la révélation ultime de la chute qui, malheureusement, n’a certainement pas l’effet escompté.
C’est en voyant le manque de profondeur dans tous les sujets qu’on essaie d’aborder qu’on se désole qu’un film aussi riche en offre finalement trop peu pour aller au-delà de l’appréciation de convenance, ce, malgré l’effet magnétique de la Cotillard. Dans les romances tordues multiethniques avec un troisième acte discordant, disons que Jacques Audiard avait davantage de doigté avec son percutant Dheepan.
Mal de pierres demeure alors un beau drame et une romance comme une autre qui a juste assez de qualités techniques pour l’élever au-dessus de la masse. Son rythme délicat et l’ennui généralisé qu’il cumule, exploite et imite, n’en déplaise à plusieurs tentatives passionnelles qui ne sont pas toujours les plus réussies, n’aideront pas sa cause, et ne feront pas en sorte qu’on repensera au film, beaucoup moins hantant qu’il le prétend. Néanmoins, c’est beau, c’est gentil et c’est mignon. Cela plaira à un public avide de romance fantasmée et parviendra probablement même à soutirer des larmes, ce qui vaudra ce que cela vaudra.
6/10
Mal de pierres est présenté en ouverture du festival ce jeudi 3 novembre à 20h et a droit à une seconde représentation ce samedi 5 novembre à 13h15. Toutefois, il prend l’affiche sur les écrans du Québec ce vendredi 4 novembre.