À partir du début des années 1990, il y a eu une augmentation des familles monoparentales aux États-Unis et au Canada. Une étude de la Banque Interaméricaine de Développement ( BID) note une tendance similaire au Brésil et en Équateur, rapporte El Pais le 28 octobre.
La composition de la famille a complètement changé ces vingt dernières années en Amérique latine et dans les Caraïbes. Il y a de moins en moins de familles élargies. Les adultes vivent de plus en plus seuls ou avec leur conjoint de fait. Cette situation entraîne des conséquences auprès des enfants de même qu’auprès des aînés. Ainsi, dans un pays comme la Colombie, on note une augmentation de personnes âgées vivant seules, de 22% en 2002 à 31% en 2014. Pour l’ensemble des 21 pays de la région, l’augmentation est de 30% à 37%. Ces résultats amènent à repenser le mode de vie des aînés qui disposent de plus de liberté, plus longtemps.
À l’âge de 62 ans, la médecin Lina Álvarez a accouché de son troisième enfant, rapporte La Nacion du 16 octobre. À l’aide de la fécondation in vitro, elle est devenue la mère la plus âgée d’Europe. Même si la grossesse de cette femme espagnole ne s’est pas déroulée dans la région couverte par l’étude de la BID, cette femme a repoussé une limite. Il s’agit d’une nouvelle possibilité pour les aînés : vieillir et élever un enfant.
Les enfants de la région américaine vivent de plus en plus avec seulement un de leurs deux parents biologiques. Au Brésil, le nombre d’enfants vivant avec leurs deux parents a diminué de 76% à 69%, alors qu’en Équateur ce nombre est passé de 80% en 1995 à 73% en 2014. La diminution du nombre d’enfants vivant avec ses deux parents aurait été plus marquante si les chercheurs n’avaient pas inclus les couples de même sexe dans leur définition de la famille, une situation de plus en plus fréquente.
Cependant, la constitution familiale en Amérique latine et dans les Caraïbes demeure distincte du reste du monde même si la tendance prélevée par l’étude de la BID s’accompagne d’un développement économique qui se veut mondial. Par exemple, les mères aux États-Unis qui sont plus éduquées ont plus de chance de se marier ou de vivre en couple, ce qui n’est pas le cas pour les mères de la région. Au sud, l’éducation n’est pas un facteur déterminant pour les mères de vivre en couple.
L’union des citoyens éduqués aux États-Unis peut s’expliquer par la prise en compte de l’absence d’aide gouvernementale aux familles. Élever ses enfants ou prendre soin de ses aînés deviennent de lourds fardeaux à assumer pour les Américains, rapporte la rédactrice en chef de The New England Journal of Medicicine Marcia Angel dans le New York Review of Books, à paraître le 10 novembre.
« Les parents dépensent littéralement des milliards de dollars sur des conseils parentaux et de l’équipement. Mais, au même moment, les institutions sociales des États-Unis, le grand créateur et épicentre de l’aide aux parents, fournissent moins d’aide à la jeunesse que celles des autres pays développés. Les États-Unis, là où tous ces livres d’aide à la jeunesse sont vendus, ont aussi le plus haut taux de mortalité et de pauvreté infantile du monde développé », écrit la professeure de psychologie Alison Gopnik dans son ouvrage The Gardener and the Carpenter parut le 9 août 2016, citée par Marcia Angel.