Dans un étrange monastère français situé près de la frontière italienne, 10 écrivains célèbres sont conviés sur l’invitation d’un mystérieux milliardaire. Ils ne le savent pas encore, mais cette rencontre aura une issue funeste.
Pastiche bon enfant, Un bon écrivain est un écrivain mort, écrit par Guillaume Chérel et publié chez Mirobole éditions, s’inspire sans aucune honte des Dix petits nègres d’Agatha Christie. Mais plutôt que de rassembler 10 supposés inconnus dans une demeure de la côte anglaise, ce sont plutôt 10 gros noms de la littérature franco-française de France qui se donnent rendez-vous dans un lieu qui deviendra leur tombeau.
Et comme M. Chérel s’estime être un petit farceur, les noms de famille sont légèrement modifiés: Frédéric Belvédère, Michel Ouzbek, Amélie Latombe et bien d’autres. On a aussi droit à quelques mentions de Guillaume Muzo et d’autres vedettes qui, avec les années, ont essaimé du monde du livre vers la télé, le cinéma ou le théâtre. Quelques-uns de ces noms échappent au commun des mortels vivant au Québec, puisque ce ne sont pas tous les romans qui traversent l’Atlantique, mais on aura saisi l’essentiel.
Bref, ça badine fort, ça s’engueule, ça boit, ça se goinfre, et ça finit par disparaître les uns après les autres dans une ambiance qui se voulait bon enfant, mais vire rapidement au cauchemar.
L’idée semblait d’abord sympathique, sorte de pied-de-nez assumé au milieu people de la littérature française. Un peu comme si, au Québec, Michel Tremblay, Patrick Sénécal, Marie Laberge et Josée Blanchette se retrouvaient dans un chalet. L’auteur dénonce effectivement un système qui favorise la consécration de l’esbroufe, du superficiel, du monotone, ou encore du controversé pour les mauvaises raisons. Bref, de la littérature produite à la pelle, qui n’a d’autre intérêt que de faire sonner le tiroir-caisse, sans s’intéresser à la valeur intellectuelle du contenu ainsi généré.
Malheureusement, Chérel se perd en divagations mystiques, en conversations futiles entre nos personnages, et décide, surtout, de les faire pratiquement tous disparaître hors caméra, si l’on peut dire ainsi, histoire de conclure avec une jeune YouTubeuse fade et niaise devenue soudainement plus grande star de la littérature française.
La satire tombe à plat, le gag est trop gros, la chute est sans saveur. On espérait beaucoup de ce roman, peut-être quelque chose comme une charge contre un système « pipolisé » à ne plus savoir qu’en penser. On retient surtout qu’un bon écrivain est un écrivain qui a de bonnes idées, pas un auteur qui pond un roman trop gentil sur un coup de tête.