Tenter de rejoindre quelqu’un lors d’un concert, mais constater que le réseau est saturé; partir en camping, mais avoir quand même besoin de contacter des amis ou des proches à proximité… Voire se retrouver carrément en zone sinistrée et devoir établir un réseau temporaire pour gérer l’état d’urgence.
Petit appareil permettant de créer un véritable réseau cellulaire parallèle, le goTenna Mesh affirme être en mesure de donner naissance à un réseau maillé reliant différents propriétaires d’un tel gadget dans un rayon pouvant aller jusqu’à près de 5 kilomètres, chaque utilisateur supplémentaire permettant d’étendre cette couverture.
« Nous avons lancé la compagnie en effectuant quelques expériences pour obtenir du réseau (cellulaire) dans des endroits et des moments où c’était particulièrement nécessaire, par exemple durant des concerts ou des événements sportifs », mentionne au bout du fil Daniela Perdomo, l’une des deux instigatrices du projet goTenna.
« J’ai eu ma propre expérience lors du passage de l’ouragan Sandy (en 2012), alors qu’à New York, les réseaux électrique et cellulaire sont tombés en panne. Nous étions totalement déconnectés, et j’ai commencé à réfléchir à propos du fait qu’un système centralisé est bien, en temps normal, mais qu’il y a des situations où cette structure ne fonctionne pas », et qu’il est donc bien de disposer d’une solution de rechange.
Cette solution, ce fut d’abord la goTenna, une antenne pour téléphone intelligent qui, en utilisant les fonctionnalités Bluetooth d’un appareil, permet d’envoyer des messages entre deux combinés connectés, ainsi qu’un signal de géolocalisation. Tant et aussi longtemps que chaque utilisateur possède son antenne, et que celle-ci, d’une autonomie d’environ 24 heures en mode veille, est activée.
Mais pourquoi ne pas avoir uniquement développé la Mesh, qui offre davantage de fonctionnalités, notamment le réseautage à plusieurs appareils, plutôt que de se concentrer d’abord sur la goTenna? « La première goTenna fonctionne sur la plus basse fréquence disponible aux États-Unis, et nous nous sommes concentrés sur le développement de nos capacités en matière de réseautique », indique Mme Perdomo.
Le hic? Autre pays, autres moeurs. Du moins, en ce qui concerne l’attribution des plages de fréquences. La goTenna originale n’est donc pas en mesure de fonctionner à l’extérieur du pays de l’Oncle Sam, y compris au Canada, où le gouvernement fédéral, sous la houlette d’Industrie Canada, dispose de sa propre réglementation.
Alors, pendant que l’équipe de recherche et développement était à pied d’oeuvre pour mettre sur pied la goTenna Mesh, des discussions étaient en cours avec les autorités de plusieurs pays pour obtenir le droit d’utiliser des plages de fréquences.
La nouvelle déclinaison de la goTenna fait actuellement l’objet d’une campagne de financement sur Kickstarter, et les internautes semblent particulièrement enthousiastes: à six jours de l’échéance, la compagnie a récolté plus de 483 000 $ US, sur un objectif d’à peine 150 000 $ US. Un rendement dépassant les 300 %, donc. « En fait, nous sommes passés par le sociofinancement pour jauger l’intérêt des consommateurs, pas pour obtenir l’argent nécessaire pour développer notre produit », mentionne Mme Perdomo. Si environ 2500 personnes se sont pour l’instant engagées à contribuer à la mise en marché du goTenna Mesh, l’entreprise s’attend à en vendre plusieurs milliers d’unités supplémentaires.
D’autant plus que la compagnie fait déjà affaire avec des organismes de bienfaisance et des services d’urgence pour offrir une connectivité dans les zones sinistrées et les régions éloignées. Il est d’ailleurs indiqué, sur la page de la campagne Kickstarter, qu’il est possible de dépasser les différents montants proposés, et que ce surplus sera versé à un fonds finançant la production d’antennes pour l’organisme Télécoms sans frontières.
goTenna travaille parallèlement au développement d’une version de son antenne pour « professionnels », même si des services d’urgence et même divers gouvernements. « Je ne peux pas en dire long sur le sujet, mais nous travaillons déjà avec les Forces armées canadiennes, par exemple », mentionne Mme Perdomo. Il faut dire qu’à 150 $ US pour deux appareils, la solution goTenna est plus abordable que les technologies habituellement employées par les militaires.
Les premiers appareils goTenna Mesh devraient être expédiés à partir du mois de décembre.