« …Nous pourrons raconter cette histoire à travers le monde et dire « nous pouvons apprendre et suivre leur voie » », a conclu l’activiste américain et professeur de droit à l’université Harvard, Lawrence Lessig dans un discours au Nordic House à Reykjavik.
Le journaliste basé en Catalogne et auteur de l’ouvrage Iceland 2013 : A Story Of Deception, Èric Lluent explique en cinq points en quoi ce point de vue est insensé, dans Reykjavik Grapevine le 28 septembre.
1.En 2011, les Islandais ont rédigé l’ébauche d’une nouvelle constitution qui pourrait entrer en vigueur dépendamment du résultat des élections le 29 octobre. Le journaliste admet que le processus participatif à la rédaction de cette ébauche est très intéressant, mais note que ce texte n’inclue pas d’article qui fournit une alternative au capitalisme. Les processus participatifs garantis par la constitution sont les aspects les plus révolutionnaires de cette ébauche, surtout si on compare l’ébauche de 2011 à la constitution actuelle datant de 1944, inspirée de la constitution danoise adoptée au 19e siècle. La Suisse, l’Estonie, l’Irlande, la Grèce et l’Équateur ont accordé à leurs citoyens le pouvoir de décision assez tard dans leur histoire, donne-t-il en exemple.
2. Afin de compléter le changement de constitution de même que fournir a l’Islande une alternative au capitalisme, le journaliste estime que cette ébauche n’est pas révolutionnaire rappelant l’Article 35 de la Déclaration française des Droits de l’Homme et du Citoyen présenté le 24 juin 1793 : quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. Pour lui, il s’agit d’un vrai article révolutionnaire.
3. Plusieurs municipalités à travers le monde, avec une population plus petite, égale ou plus grande que la population islandaise ont déjà expérimenté la démocratie directe.
4. Le principal parti en faveur du changement de la constitution aujourd’hui est le Pirate Party, une organisation politique qui admet ne pas être anti-capitaliste et qui regroupe des membres d’allégeances politiques autant de droite que de gauche.
5. Les Islandais incarnent un exemple, supposément parce qu’il s’agit du seul pays où des banquiers ont été emprisonnés, et des politiciens jugés. Cependant, en Espagne, l’ancien directeur général du Fonds monétaire international ( FMI ) de 2004 à 2007, banquier, ministre de l’Économie et des Finances, ainsi que vice-président du gouvernement actuel en Espagne, Rodrigo Rato fait face à une sentence de quatre ans de prison. Le trésorier du même parti politique le Partido Popular ( PP ), Luis Bárcenas a purgé une sentence en prison de 19 mois et est dans l’attente d’un verdict final. Plusieurs autres politiciens et banquiers font l’objet d’une enquête en Espagne.
Les citoyens de tous les pays n’ont pas besoin d’exemple de démocratie, ils savent exactement ce qu’est la démocratie, écrit le journaliste. Ce dont nous avons besoin c’est de lutter contre un système économique qui interfère avec les institutions publiques et les droits sociaux.
Èric Lluent spécifie que son rôle de journaliste indépendant est de déranger tout le monde sans exception, dont ceux qui attendent après l’Islande pour un changement global malgré leur bonne volonté.