Martin Prévost
Le premier rendez-vous de la série montréalaise de l’Ensemble Arion se tenait du 29 septembre au 2 octobre, à la Salle Bourgie. Ces représentations inauguraient une nouvelle offre de l’ensemble à son public: des concerts d’une heure sans entracte, en fin de journée, les jeudis.
Au programme de ce premier concert, dans sa version longue, une suite pour orchestre de Wilhelm Friedmann Bach, un concerto pour flûte de Franz Benda, un concerto pour cordes de Jean-Sébastien Bach et Antonio Vivaldi, revu et remanié et la Cantate du café, BWV 211 de Jean-Sébastien Bach.
À la fois au clavecin et au pupitre, un fidèle collaborateur d’Arion, Alexander Weimann. Ce grand spécialiste de la musique baroque n’a plus à faire ses preuves et sa complicité avec les musiciens d’Arion est établie depuis longtemps.
Fidèle à son habitude, c’est à un programme recherché et surprenant que nous conviait la directrice artistique et flûtiste, Claire Guimond. Parmi les ouvres présentées, la plus connue est certainement le Concerto BWV 1065. Mais l’arrangement d’Alexander Weimann en fait tout de même une sorte de nouveauté. Plus surprenant encore, et ô combien ravissant, le programme se terminait par la drôle et vivifiante Cantate du café. Qui aurait cru que le très sérieux JSB aurait donné dans l’humour?
Quel plaisir de voir la soprano Hélène Brunet jouer les jeunes filles rebelles et charmantes face à un père exaspéré en la personne du baryton Jesse Blumberg ! Quelle joie surtout, que ces facéties soient présentées au public sur une musique aussi fine et raffinée que s’il se fût agi d’une messe ou d’un concerto. Le contexte était parfait pour permettre à Hélène Brunet de briller, de resplendir et, au bout du compte, de charmer complètement l’auditoire. La partition du baryton ne permettait peut-être pas de briller autant, mais Blumberg l’a très bien rendue et cela a permis de bien équilibrer le dialogue. Quant au rôle de récitant, attribué au ténor Philippe Gagné, il a été tenu de façon très honorable, hormis la gaffe gênante commis par Gagné alors qu’il n’arrivait pas à « tourner la page » de sa partition sur tablette électronique. Le modernisme et le goût des gadgets n’a peut-être pas encore sa place dans un ensemble de musique baroque.
On comprendra que cette Cantate du café ait pu éclipser un tant soit peu les autres œuvres au programme, mais il ne faudrait surtout pas passer sous silence la performance de haut calibre de Claire Guimond, à la flûte, dans le concerto de Benda et aussi dans cette fameuse Cantate du café. Il nous a semblé que madame Guimond jouait sur un nouvel instrument qui n’a certes rien à enlever au précédent: quelle rondeur, quelle profondeur dans le son! Cette 36e saison d’Arion s’annonce très bien.