Un peu moins de trois mois pour trouver un sauveur, sinon, c’est le couperet qui les attend; Rogers Media a largué une bombe dans le milieu du journalisme, vendredi, en annonçant une importante restructuration dans sa division magazines, y compris la mise en vente de L’actualité, LOULOU et Châtelaine.
Chez les journalistes québécois, c’est la consternation: le grand conglomérat médiatique se débarrasse effectivement de ses publications dans la langue de Molière. Si la déclaration officielle de l’entreprise (qui offre également une vaste gamme de services de télécommunications) indique que celle-ci se départira des trois magazines « dans l’objectif de mettre l’accent sur ses marques de langue anglaise », un détour par la page « aide » de la section périodiques du site web de la compagnie précise que L’actualité, Châtelaine et LOULOU (versions anglaise et française) ne seront plus publiés par Rogers Média et ne seront donc plus disponibles via le Service magazine de l’entreprise.
D’autres changements toucheront le reste du catalogue de chez Rogers: les publications FLARE, Sportsnet, MoneySense et Canadian Business passeront en format web et sur application mobile seulement dès janvier prochain.
Quatre magazines conserveront leur format papier, mais leur fréquence sera réduite. Par exemple, le Maclean’s ne paraîtra qu’une fois par mois, Châtelaine (version anglaise) disposera de six éditions par année, tout comme Today’s Parent.
« Il est clair depuis un certain temps que les Canadiens passent des médias imprimés aux médias numériques et il est important pour nous de suivre la tendance et la demande. Nous sommes bien plus qu’un ensemble de marques de magazines et nos plateformes numériques ont connu une croissance rapide ces dernières années. Maintenant, il est temps d’accélérer le changement », affirmeSteve Maich, premier vice-président, Contenu et édition numériques, Rogers Média.
La compagnie précise que les revenus tirés des éditions numériques des marques de magazines de Rogers surpassent de 50% les revenus tirés des éditions papier. Les Canadiens passeraient par ailleurs 40 millions de minutes par mois, en ligne, à lire des magazines de la compagnie, « une augmentation de 34% sur 12 mois ».
Sur les réseaux sociaux, plusieurs journalistes et observateurs du milieu dénoncent cet abandon du contenu francophone dans l’offre de Rogers, ainsi que la disparition progressive du contenu « de fond » au profit du potinage, des conseils santé-beauté et autres sujets plus « légers ».
Pour Steve Faguy, qui tient un blogue sur les médias d’ici, le fait que Rogers annonce publiquement la vente de ses trois magazines francophones porte à croire que TVA Publications, qui appartient au groupe Québecor, n’a pas voulu délier les cordons de sa bourse pour s’en porter acquéreur.