Deuxième roman de l’auteure Éléonore Létourneau, Les choses immuables tentent de faire du neuf avec du vieux. Et dans ce livre publié dans la collection Quai no 5 des éditions XYZ, on y parvient… presque.
Difficile, en effet, de ne pas éprouver un sentiment de déjà vu devant cette chronique d’une crise de la quarantaine vécue en stéréo. Les fissures se multiplient dans les façades des relations vécues par Hélène et Louis, ainsi que par Virginie et Mathieu. Poussés au point de rupture, les deux couples tenteront de demeurer soudés malgré l’adversité.
De par une prose rédigée avec le minimum de dialogues, l’auteure préférant la forme narrative passive, Mme Létourneau crée un univers éthéré, aérien où l’on évolue comme dans un rêve. Pour nos protagonistes, toutefois, le rêve a des allures de cauchemar. La plénitude cède ainsi la place à une sensation d’étouffement, les contraintes professionnelles et personnelles détruisant petit à petit les deux couples.
Virginie finira ainsi par laisser Mathieu, avant que celui-ci ne prenne à son tour la poudre d’escampette avec une jeune professionnelle ambitieuse, laissant la mère de ses enfants, misérable, s’occuper de sa progéniture.
De son côté, Louis, professeur d’université enseignant les communications qui se sent toujours un peu plus dépassé par la modernité et la disparition supposée de certaines progressistes, voit son amour pour Hélène disparaître petit à petit après la mort de sa mère.
On le comprendra, les temps sont durs pour les nouveaux quadragénaires dont les illusions s’effritent lentement. Et pourtant, en voulant justement casser le moule des grandes idées des années 1970 et 1980, en voulant asséner, encore et encore, qu’il est temps de tourner la page et de faire face au monde tel qu’il est aujourd’hui, Éléonore Létourneau retombe dans une certaine conception de la réalité qui ressemble fort à un cliché. L’amour des couples sera ébranlé, certes, l’homme ira voir ailleurs, mais il reviendra forcément au bercail après avoir tâté de la jeune pousse (rencontrée via Tinder, bien sûr). Impossible qu’il trouve effectivement l’amour ailleurs, ou que ce soit plutôt le cas de Virginie.
Idem pour Hélène et Louis, qui réussissent eux aussi à recoller les morceaux. Une conclusion plus réaliste, peut-être, mais le lecteur pourrait justement préférer quelque chose qui sort de l’ordinaire. L’amour n’est bien souvent pas éternel, après tout.
De ces Choses immuables, on retient donc un style d’écriture solide, mais des thèmes malheureusement éculés. Une lecture adaptée à la lente chute des feuilles d’arbres en cet automne naissant.