Glassland est un film minimaliste bénéficiant de deux interprètes d’exception qui continuent d’exprimer beaucoup avec pourtant si peu.
Les thèmes sont familiers et les sujets ont été explorés à de nombreuses reprises, que ce soit l’amour inconditionnel, la dépendance et la rédemption, notamment. Pourtant, Glassland trouve le moyen de s’immiscer en nous par le biais de son rythme lent, à la limite contemplatif, trouvant une certaine beauté dans un ordinaire aux abords repoussants.
Mieux encore, le long-métrage est propulsé par les performances aussi naturelles qu’intenses de Toni Collette, toujours aussi merveilleuse, mais surtout le brillant Jack Reynor qui continue de surprendre et dont la performance s’est d’ailleurs mérité un prix du Jury à Sundance. Celui qui apparaît un peu partout, dont dans le trop peu vu, mais pourtant essentiel What Richard Did, un autre film irlandais par ailleurs, donne encore tout ce qu’il a dans le rôle de John, à la croisée des chemins face à sa vie qui ne va nulle part et sa mère prise dans ses problèmes d’alcool.
Le spectateur se retrouve ainsi, plutôt impuissant, face à ces vignettes de vie qui basculent rapidement entre le bon, le mauvais, le cruel, le déchirant, l’anodin et on en passe. Si sa relation avec son ami Shane, joué aisément par Will Poulter, vient faire respirer le long-métrage, on regrette néanmoins sa présence, trop peu développé et important pour vraiment justifier son utilité dans l’ensemble, enlevant un peu à l’efficacité du film qui aurait gagné davantage à ne se concentrer qu’à la relation par moment malsaine entre cette mère et ce fils tous deux foncièrement perdus.
Puisque lorsque Collette et Reynor sont seuls à l’écran, il ne suffit que d’un regard ou d’un sourire pour tout comprendre et y voir une complicité qui crève tout ce qu’on peut prendre pour de la fiction. Dans les silences et les étreintes, on y trouve la beauté du monde et c’est là que s’illumine toute la compréhension nécessaire dans cette relation qui donne parfois à s’interroger pourquoi l’un ou l’autre se donne tant de mal.
Certes, Glassland donne dans la simplicité et la mise en scène ne cherche pas nécessairement à révolutionner quoi que ce soit, mais Gerard Barrett laisse beaucoup respirer son histoire et, s’il risque d’en perdre beaucoup au passage, il a le mérite de ne jamais trop mélodramatiser l’ensemble.
Cette belle édition DVD de Film Movement inclut également le court-métrage Aïssa, présenté à Cannes, de Clément Tréhin-Lalanne et deux segments d’entrevue d’environ sept minutes, un avec le cinéaste et l’autre avec Reynor et Poulter.
Voilà donc un beau drame, vrai, senti et certainement touchant qu’on écoute, qui hypnotise et qui nous hante certainement pendant un temps.
6/10
Glassland est disponible en DVD depuis le 3 mai dernier.