Avec son nouveau long-métrage, Derek Cianfrance ne délaisse pas ses thématiques fétiches pour autant, soit les obstacles de l’amour et les répercussions des décisions des parents sur leurs enfants. Il met cependant en retrait son audace prononcée et ses nombreuses ambitions qui teintaient avec tant de magie ses précédents films, se concentrant sur une adaptation cinématographique qui finit par ennuyer sous ses multiples conventions, n’en déplaise à tout le talent mis en place.
Derek Cianfrance a beau avoir travaillé sur divers projets, ce n’est pas avant le bouleversant Blue Valentine sur lequel il a bûché pendant près d’une décennie, que son nom a commencé à vraiment attirer notre attention. Avec un regard aiguisé et des acteurs au sommet de leur forme, il alternait les états d’âme de la naissance et de la mort de l’amour. Deux ans plus tard, il allait encore plus loin avec The Place Beyond The Pines, une impressionnante saga en trois actes scellant le destin de quatre personnages aux destins interreliés.
Et cette fois, bien qu’il se soit entièrement chargé du scénario, il se retrouve avec sa première adaptation cinématographique d’un roman, ce qui semble d’une certaine façon le limiter, l’empêchant même avec sa mise en scène de surprendre d’une quelconque façon que ce soit. Ainsi, à l’instar du Far From the Madding Crowd de Thomas Vinterberg, le film ici présent a beau être d’une somptueuse beauté et d’une magnifique élégance, merci au regard allumé du brillant directeur de la photographie Adam Arkapaw, fidèle complice de Justin Kurzel, et du compositeur Alexandre Desplat qui se pastiche lui-même, on ne parvient pas à transcender le classicisme de l’ensemble.
De fait, cette histoire d’un couple isolé qui ne peut avoir d’enfants et qui décide de prendre possession de celui qui s’est échoué sur leur île, sans savoir que la mère désespère quelques kilomètres plus loin, semble en être une qu’on a déjà vue à l’écran et probablement avec plus de passion.
En effet, à contre-emploi, Michael Fassbender stagne dans un rôle d’homme monotone et sans histoire et sa chimie avec Alicia Vikander fait étrangement défaut malgré le fait qu’ils sont justement devenus un véritable couple en dehors de l’écran suite à ce tournage. L’innocence surprenante de Vikander, ne tardant pas à laisser la place à sa frustration habituelle alors que ses motifs et ses choix deviennent de plus en plus douteux en termes de moralité d’ensemble.
Trop long pour ce qu’il a à dire, après tout rien n’est véritablement approfondi comme tout reste en surface et en non-dits, le film s’entête à prolonger les observations de cette romance à laquelle on ne croit pas et multiplie les moments beaucoup plus ridicules, tout comme des symboles et des revirements qu’on voit venir un mille à l’avance. Dieu merci, Rachel Weisz finit par se pointer le bout du nez histoire d’apporter enfin nuance et émotions à un film qui commençait à en manquer. Sauf que rendu là, il devient dur de complètement pardonner aux maladresses qui ont précédé, surtout parce que le personnage de Weisz apparaît comme un obstacle et non comme une solution, les choix narratifs obligent.
The Light Between Oceans est donc un premier faux pas dans le parcours de Cianfrance. Peut-être aurait-il dû renouer sa collaboration avec Ryan Gosling, sauf qu’en attendant, on se retrouve avec un film visuellement splendide, mais émotionnellement défaillant, avec finalement pas grand-chose à raconter. Comme quoi qui ne se mouille pas, habituellement déçoit.
5/10
The Light Between Oceans prend l’affiche en salles ce vendredi 2 septembre.