Martin Prévost
Du 20 au 27 août derniers, pour la troisième année, Concerts Ahuntsic en Fugue offrait aux mélomanes, une série de quatre concerts qui se déroulaient dans différents lieux du quartier Ahuntsic. De la musique française à la musique classique russe, en passant par la période baroque, ces présentations variées permettent aux auditeurs de faire connaissance avec une majorité d’interprètes d’ici.
La programmation de cette édition du festival était sous la responsabilité de Chloé Dominguez, violoncelliste et de Mathieu Gaudet, pianiste.
Le deuxième concert de cette série était titré Fugue grandiose et était donné à l’église de la Visitation, lieu historique du patrimoine religieux de Montréal. Pour l’esprit qui se dégage du lieu et pour l’intérêt de son orgue, il s’agissait d’un bon choix. Par contre, pour le confort du lieu, les organisateurs ont pris un pari risqué et ils l’ont perdu. Dans un mois d’août dont la moyenne des températures atteignait des records, passer deux heures et demie (on annonçait une heure et demie) assis sur un banc d’église, sans coussin, c’est une petite torture qui gâchait facilement le plaisir. On devine aisément que les programmes distribués à l’entrée ont servi davantage comme éventail que comme référence aux œuvres présentées. D’ailleurs, la présentation des œuvres ne répondait pas aux standards en la matière : ni les mouvements des œuvres ni leur énumération détaillée n’apparaissaient et on a eu droit à des applaudissements un peu n’importe quand.
Une fois cela dit, il faut reconnaître que les interprétations valaient le déplacement, à l’exception peut-être du Quintette pour clarinette et cordes de Brahms dont les aigus sont apparus criards à plusieurs moments et dont la ligne mélodique se perdait parfois. Dans une atmosphère intime, malgré une nef bien remplie, les multiples nuances du Brahms exprimées gracieusement sur l’orgue ancien par Marc-André Doran, donnèrent à la soirée un bon départ. M. Doran reviendra plus tard au pupitre pour nous réjouir avec un magnifique choral de Jean-Sébastien Bach, Viens Esprit Saint, Seigneur Dieu. Datant de peut-être aussi loin que 1840, l’orgue de l’église de la Visitation montre son âge mais est très bien adapté aux dimensions du lieu. La sonorité des jeux de hautbois et de trompette est particulièrement agréable à l’oreille et bien maîtrisée par Marc-André Doran.
En conclusion de cette soirée une peu trop longue, le très inspiré Quintette pour deux violoncelles en do majeur, D. 956, de Franz Schubert, a permis de mettre en lumière le grand talent des interprètes qui n’ont point vacillé malgré la chaleur étouffante des lieux.
L’idée de ce festival, qui se déplace dans des lieux très variés et même inusités, est vraiment une agréable trouvaille pour les gens du quartier et pour ceux qui souhaitent le découvrir.