Un virus, deux histoires de moustiques. Au Brésil, en dépit de toutes les rumeurs virales, athlètes et spectateurs des Olympiques n’ont pas du tout été troublés par les moustiques porteurs du zika. Tandis qu’en Floride, des citoyens s’opposent à un moustique génétiquement modifié qui pourrait contribuer à la lutte contre le zika.
Zika? Quel zika? C’est la question que certains athlètes doivent se poser, du moins ceux qui ont décidé de ne pas aller à Rio par peur du virus. Il semble en effet que le moustique Aedes aegypti qui le transmet ait été mis temporairement hors-jeu — comme l’avaient prévu les entomologistes — parce que c’est l’hiver dans l’hémisphère sud.
Ce qui n’empêche pas le zika de demeurer dans le peloton de tête des priorités au Brésil. Depuis l’automne dernier, on estime que des millions de personnes ont été infectées. Si, dans la majorité des cas, les symptômes sont bénins, on recense à présent 1835 bébés atteints de microcéphalie, c’est-à-dire un crâne de petite taille.
Et tandis que le virus arrive en Floride — plus de 35 cas transmis localement en date du 22 août — et que les autorités américaines recommandent aux femmes enceintes d’éviter la région de Miami, une pétition pour dire non à une expérience de moustiques génétiquement modifiés recueille à présent 170 000 signatures. La compagnie de biotechnologie Oxitec veut relâcher des moustiques mâles sur l’île de Key Haven, dans l’archipel de Key West. Ces mâles sont stériles ou plus exactement, les bébés meurent au stade larvaire. En s’accouplant avec les femelles, ils réduiraient la population de moustiques, donc réduiraient les risques de transmission de maladies.
L’expérience n’a rien à voir avec l’actuelle épidémie de zika: le projet est en préparation depuis 2012, dans un double contexte: d’une part, les insectes de la région sont plus résistants aux insecticides et d’autre part, les autorités voient arriver du sud des risques accrus de maladies tropicales transmises par des moustiques, à cause du réchauffement climatique. Key West a même connu une épidémie de dengue en 2009-2010.
L’organisme américain responsable — Food and Drug Administration — a donné son approbation à l’expérience le 5 août. Mais devant l’opposition locale, les autorités de Floride ont choisi d’en faire un référendum, qui aura lieu en novembre, en même temps que les élections générales.
Les citoyens derrière la pétition disent par exemple craindre une piqûre de ce moustique « modifié ». Or, ce sont des mâles qui seront relâchés, et les moustiques mâles ne piquent pas.
Ce n’est pas une première: Oxitec a déjà relâché, depuis 2009, de tels moustiques mâles génétiquement modifiés aux îles Caïmans, au Brésil, à Panama et en Malaisie. L’expérience de Key Haven doit servir à vérifier si le moustique sera aussi efficace que dans ces autres lieux pour réduire de 90 % la population d’Aedes aegypti.
Si l’expérience va de l’avant, les moustiques pourraient être relâchés dès décembre, affirme la compagnie Oxitec, bien que le printemps ait aussi été évoqué.
Le problème risque de ne pas se limiter à la Floride. Le climat du reste du sud des États-Unis est favorable au moustique. De plus, les inondations comme celles de Louisiane créent des eaux stagnantes dont raffolent les moustiques.