Le Pérou a encore tremblé et compte maintenant ses morts. Le récent tremblement au sud du pays aurait emporté la vie d’au moins 9 personnes, fait 52 blessés et causé l’effondrement d’une centaine de maisons. La question demeure vive après les séismes meurtriers, dont le souvenir de celui d’Haïti hante encore bien des mémoires: parviendra-t-on un jour à stopper les tremblements de terre?
C’est ce que tente de faire une équipe de sismologues français. Plutôt que de chercher à renforcer les habitations ou à adapter les structures aux secousses terrestres, l’équipe du physicien Sébastien Guenneau, de l’Institut Fresnel, à Marseille, creuse la terre afin de créer une zone tampon susceptible d’absorber les ondes sismiques.
Il existe deux types d’ondes sismiques: les ondes de surface qui voyagent à la surface de la Terre – comme les ronds formés dans l’eau par un caillou qui tombe – et les ondes de volume; ces dernières se propagent dans le sol directement de la source. Les véritables ruades des ondes de surface provoquent le plus de dommages aux bâtiments et aux humains qui y vivent.
Absorber l’énergie sismique
Pour stopper ces vagues dévastatrices, les chercheurs s’inspirent des travaux du sismologue français Philippe Guéguen qui a observé que tous les matériaux, des sédiments mous aux roches solides, ne répondent pas de la même manière aux mouvements sismiques. Certaines tours dressées dans les villes créent ainsi des vagues secondaires autour d’elles, prolongeant les effets du séisme, mais absorbant les secousses initiales. Cette redistribution de l’énergie du tremblement de terre génèrerait une certaine protection indirecte.
Bien décidé à trouver un moyen de contrôler l’énergie sismique par le sol, le chercheur de l’Institut des sciences de la terre de Grenoble s’est lui-même inspiré des travaux sur la science de l’invisibilité et les métamatériaux de John Pendry de l’Imperial College London. Pour mémoire, le physicien théorique anglais a montré qu’il était possible de guider les ondes lumineuses autour d’un objet – et de le rendre ainsi invisible comme la fameuse cape d’invisibilité d’Harry Potter!
À l’aide de tubes de métamatériau placés à des endroits judicieux, il serait donc possible de repousser les ondes afin qu’elles contournent un objet. Ce même principe pourrait s’adapter aux ondes sismiques, et ainsi épargner un édifice à protéger, un hôpital par exemple. Il ne restait qu’à le tester. Des essais récents ont permis d’explorer plusieurs scénarios, à commencer par un simple réseau de trous cylindriques absorbant l’énergie des ondes, en passant par des cylindres perforés et enfouis dans le sol transformant cette énergie en son.
La nature à l’aide
Plus simplement, planter quelques rangées d’arbres de belle taille pourrait aider à absorber naturellement l’énergie sismique. Enregistrées au cœur d’une forêt, les perturbations sont généralement six fois moins importantes qu’en zone dégagée. Mais les arbres resteront-ils debout pour jouer le rôle de remparts naturels? Il reste encore à le prouver.
Pour finir, et contrairement à une idée reçue, les animaux ne prédiraient pas si bien les séismes. Les changements perceptibles, quelques minutes avant que la terre ne bouge, chez nos compagnons à poils ou plume seraient une simple réaction aucunement liée à un quelconque moyen de détection. En outre, leur réaction au premier tremblement ne donne aucune indication sur l’amplitude, l’épicentre ou la survenue de l’événement si redouté, avancent les chercheurs du Programme américain de détection sur les tremblements de terre.
Il nous manque donc encore d’importantes données pour pouvoir les freiner dans leur course ces séismes mortels qui secouent la planète.