Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Helen Ellis a de l’imagination. L’écrivaine américaine installée à New York lance un pavé dans la mare avec American Housewife, publié ici aux Éditions de La Martinière.
Sous la forme d’un recueil de nouvelles à la longueur variable, Ellis déboulonne joyeusement le mythe de la femme américaine encore coincée dans les clichés des années 1950 de la bonne épouse restant cloîtrée toute la journée à domicile. Ses héroïnes sont fougueuses, audacieuses, intelligentes, mais aussi parfois mesquines, méchantes, voire carrément violentes et dangereuses.
Et on en redemande! Il est étrange qu’il soit nécessaire de le rappeler, mais les femmes sont des êtres à part entière, avec leurs émotions, leur colère, leurs désirs, leur volonté d’exister. American Housewife incarne la révolte d’une génération de femmes, peut-être surtout aux États-Unis, qui sont encore considérées comme des poupées de porcelaine qu’il faut protéger à tout prix. Mais rien n’empêche pourtant celles-ci de vaquer à leurs occupations quotidiennes, voire, elles aussi, de faire preuve d’affection, d’esprit de compétition, ou encore de s’adonner aux pires bassesses pour atteindre leurs objectifs. Et gare à ceux qui se trouveraient sur leur chemin…
Vient ensuite la question de la traduction. Habituellement, faire passer un ouvrage anglophone entre les mains de traducteurs français occasionne quelques particularités lorsque des lecteurs du Québec finissent par avoir le livre entre les mains. Pour American Housewife, ces tournures de phrase, ces mots d’argot sont bien là, mais, étrangement, leur utilisation vient renforcer le côté intéressant du livre. Les personnages paraissent plus vivants, plus audacieux, plus réels.
Avec ce recueil, Helen Ellis produit ce qui pourrait fortement ressembler à de l’anti-chick lit. Pas question de flatter les lectrices (ou les lecteurs) dans le sens du poil, ici. L’écriture est drue, directement, diablement efficace. Et il en est de même pour le livre dans son ensemble. Un bon petit ouvrage à dévorer, sourire en coin.