Même ceux qui recensent les records semblent dépassés par les événements. Ce n’est pas seulement le 14e mois d’affilée à battre un record de chaleur, le semestre le plus chaud en 130 ans et la fonte estivale des glaces de l’Arctique la plus hâtive. C’est surtout que tout cela se produit plus vite que ce qui semblait possible.
Et pendant ce temps, il faisait, le 21 juillet, 54 degrés Celsius dans la ville de Mitribah, Koweït. Un possible record, suivi de peu par 53,9 à Bassora, Irak, le 22 juillet.
Pour ce qui est du reste de la planète, c’est mardi dernier, 19 juillet, que la NASA et l’agence américaine des océans et de l’atmosphère (NOAA) annonçaient officiellement la nouvelle série de records. Le surlendemain, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) renchérissait : 2016 va très certainement battre le record de 2015, qui avait elle-même battu 2014.
Tous les observateurs avaient prévenu l’automne dernier: parce que c’était une année El Niño — le réchauffement des eaux du Pacifique pendant l’hiver 2015-2016 — la température moyenne de la planète aurait un petit coup de pouce supplémentaire à la hausse. Mais pour les six premiers mois de 2016, la température moyenne a été de 1,3 °C au-dessus de la moyenne de l’ère préindustrielle, selon la NOAA, ce qui est beaucoup plus que le coup de pouce attendu. « C’est la tendance lourde qui produit ces records de température », a insisté le directeur de l’Institut Goddard de la NASA, Gavin Schmidt, lors de la conférence de presse du 19 juillet. « Si nous avons autant de surprises cette année, combien d’autres surprises nous attendent », a ajouté David Carlson, directeur du programme de recherche climatique de l’OMM, lors de la conférence de presse du surlendemain.
Même en tenant compte du fait que le deuxième semestre fera perdre un peu de terrain à cette moyenne — El Niño est terminé depuis mai — 2016 a déjà pris trop d’avance pour ne pas surclasser 2015, conclut l’OMM. Son secrétaire général, Petteri Taalas, n’a pas manqué de rappeler dans sa déclaration l’engagement pris par 200 gouvernements à Paris en décembre dernier: limiter cette hausse sous les 2 degrés.
D’autres chiffres:
– pour cinq des six premiers mois de 2016, l’Arctique avait sa plus petite surface couverte de glace depuis que de telles mesures ont commencé, en 1979 ; la surface moyenne en juin était de 11,4 % sous la moyenne des années 1981-2010 ;
– des températures au-dessus de la normale dans la majeure partie de l’Afrique : le deuxième mois de juin le plus chaud depuis 1910 qu’on fait des mesures systématiques;
– des températures au-dessus de la normale dans la majeure partie de l’Amérique du Nord: le mois de juin le plus chaud depuis 1910.