Réconcilier les filles et les sciences et technologies en classe, ce pari prend la forme d’une trousse didactique conçue pour les filles, mais aussi les garçons. « Nous ne voulons écarter aucun enfant, mais disons que l’on a accentué l’éveil au plaisir, des mises en situation vers ce qu’elles aiment et des modèles majoritairement féminins », explique la titulaire de la Chaire pour les femmes en sciences et en génie du CRSNG (Québec), Eve Langelier.
Seulement 14 % des femmes appartiennent à l’Ordre des ingénieurs du Québec et 32 % à l’Ordre des chimistes du Québec, tandis qu’elles forment moins de 20 % du corps professoral en sciences pures à l’université tout comme celui du génie, résume le récent rapport « Pour une meilleure représentation en sciences et en génie » de la jeune chaire sherbrookoise.
Au primaire, les jeunes filles aiment les sciences. C’est au secondaire que la baisse d’intérêt survient, particulièrement accentuée chez les filles. « Elles souffrent plus souvent d’anxiété des mathématiques et il faut casser ça le plus vite possible et reconstruire leur confiance », relève Eve Langelier, qui souligne qu’à la maison, les explications sur les aimants ou les leviers sont plus souvent données aux garçons qu’aux filles.
Dans l’environnement contrôlé de la classe, la trousse didactique – Safari-photo (hors de l’ordinaire) au Labo-Sphère – s’articule autour d’une histoire où trois jeunes de 10 à 12 ans doivent utiliser la technologie pour progresser. La mise en situation de la trousse pédagogique présente des modèles féminins et outille les enseignants pour une formation plus équitable au niveau du genre.
Son objectif caché serait aussi de former les enseignantes au niveau des machines simples, des notions difficiles à enseigner et à apprendre. « Les sciences appliquées, il y a beaucoup de chemin à faire auprès des enseignantes du primaire – 80 % des enseignants – qui ne possèdent pas de grande formation en sciences et technologie et transmettent leur anxiété aux filles », résume la titulaire de la chaire.
Enseigner autrement
De nombreux stéréotypes sont encore véhiculés lorsqu’on aborde la technologie – « plus pour les garçons que les filles ». Pour cela, l’équipe de la chaire a voulu s’inspirer de l’initiative de l’ingénieure Debbie Sterling, fondatrice des jeux Goldie Blox. « Elle n’avait pas une très bonne vision 3D et avait beaucoup de difficulté dans ses cours à l’université, c’est pourquoi elle a décidé de lancer sa compagnie de jeux de blocs à construire pour que les filles acquièrent ces habiletés importantes », explique Eve Langelier.
Pour mieux enseigner la technologie aux filles, il faut leur donner l’opportunité de participer en allongeant le temps de réflexion ou en formant des équipes où chacun change de rôle. « Il faut arrêter de cantonner les filles à la prise de note. Elles sont aussi capables que les garçons, souvent c’est que l’on ne leur a pas appris à expérimenter et à essayer », croit la titulaire. La sensibilisation aux carrières scientifiques débuterait dès petites, dans le choix des jouets, et se poursuivrait dans le choix des activités et des loisirs, tout comme à l’école.