Farandoles de mauvaises décisions, autant dans l’avancement du récit qu’au niveau de la réalisation, on a alors l’embarras du choix pour décrire ce qui ne fonctionne pas dans ce nouvel opus de la relance de Star Trek pourtant si bien avancée par J.J. Abrams, relégué ici au plan de producteur, trop occupé à se faire sa propre guerre des étoiles.
En moins de deux décennies, J.J. Abrams aura revigoré le petit écran et fait revivre pas moins de trois franchises qui battaient de l’aile. Dommage toutefois que sans sa vision et un remplaçant digne de talent (comme ce fut le cas avec les Mission: Impossible ou le prometteur Épisode VIII de Star Wars qui bénéficie de nul autre que du brillant Rian Johnson), on perd rapidement tout l’intérêt qu’on avait éprouvé pour l’entreprise (d’accord, le jeu de mots est plutôt volontaire).
Ainsi, le réalisateur taïwanais Justin Lin, spécialiste des films d’action pour mettre son cerveau à off est arrivé en renfort pour prendre la relève de Roberto Orci qui devait suivre le relais en tant que réalisateur après avoir collaboré aux scénarios des deux films précédents.
Le hic par contre de celui derrière quatre des épisodes de la franchise Fast & Furious, c’est qu’il ne fait preuve d’aucune ambition, à défaut de croire dur comme fer qu’il en a. À ce titre, le passage sur du Beastie Boys est totalement raté et aussi superficiel que tout le reste, s’avérant plus dérangeant qu’autre chose au milieu de tous les autres dégâts.
Comme quoi malgré tous les moyens qui lui sont offerts, il ne se contente que de nous lancer tout plein d’artifices sans jamais vraiment savoir comment les gérer. Ce, en plus de démontrer une obsession assommante pour confondre les équipes pour des « familles ». Il faudrait lui dire que tout va toujours tellement mieux quand on sait doser la subtilité, ou mieux encore, quand on sait l’utiliser!
Oui, les costumes, les maquillages et les coiffures sont géniaux et les effets spéciaux sont à plus d’un moment saisissant, lorsqu’ils ne sont pas douteux. Il y a même quelques prises de vue qui valent leur pesant d’or, mais même s’il fait semblant de jouer avec les échelles de plan, Lin n’est certainement pas Abrams et il n’a définitivement pas sa fluidité du mouvement et encore moins son regard visionnaire pour s’approprier les grands espaces, dans tous les sens du terme.
Comme quoi son exploration de la galaxie est plus chaotique que d’autre chose, allant de pair à la confusion généralisée qui se produit durant toutes ses scènes nocturnes et mouvementées mal filmées (Stephen F. Windon n’a même pas la moitié du talent de Daniel Mindel) et mal montées (pas moins de quatre personnes ne sont pas parvenues à nous y faire voir plus clair!) où l’on n’y voit finalement pas grand-chose. Il est également déplorable qu’après l’excellent Into Darkness qui jouait avec brio de la technologie IMAX, que Beyond n’en tire aucunement profit alors que la technologie a définitivement évolué depuis.
Si ce n’était que ça… On comprend le certain désir de huis clos (l’histoire stagne au même point et n’ira jamais vraiment plus loin comme on élabore l’idée d’emprisonnement, mais sans oser quelque chose comme le troisième Alien de David Fincher), mais on l’apprécie moins lorsque c’est pour un film dont le titre donne l’impression qu’il ira « au-delà » alors que ce n’est pas le cas. On achète également le désir de séparer les troupes et de créer des alliances inattendues, mais ça tombe rapidement à l’eau lorsque l’humour, habituellement un des points forts, devient beaucoup trop facile, simpliste et largement cliché, n’en déplaise à Simon Pegg qui a pourtant écrit le scénario.
Les acteurs se ramassent alors à jouer des caricatures de leurs personnages sans approfondir ce qu’on avait commencé précédemment. Tout comme c’était le cas dans Hitman: Agent 47, Zachary Quinto se retrouve avec du matériel en deçà de ses fortes capacités de jeu, encore une fois pourtant à leur meilleur dans le volet précédent. L’excellent Idris Elba, qui a néanmoins droit à une scène qui rappelle tout le génie de Benedict Cumberbatch en Khan, est sous-utilisé et majoritairement camouflé, alors que la seule qui impressionne véritablement, c’est Sofia Boutella qui, même si son personnage de Jaylah est vraisemblablement été inspiré par J-Law, donne davantage une interprétation qui se rapproche de Jessica Chastain.
Star Trek Beyond n’a finalement rien à dire. Dénué de plaisir et de créativité, bousculé par une finale ignoble même dans son dernier plan particulièrement honteux, il ne fait que ressembler à un énième épisode sans véritable saveur qui saura peut-être plaire aux admirateurs et amateurs de la veille (ceux qui célébreront avec joie le 50e), sans rallier comme il avait su le faire tout récemment ceux qui ne s’intéressent pas tant à l’univers déployé. Comme quoi bien que présente, l’action nous pousse davantage à s’ennuyer plutôt qu’à s’émerveiller. C’est dommage, c’est décevant et c’est la preuve que le charme ne peut pas toujours opérer.
5/10
Star Trek Beyond prend l’affiche ce vendredi 22 juillet.