Neil, un adolescent de 15 ans vivant au Texas, aime écrire de la fiction homoérotique mettant en vedette Vanguard, l’un de ses héros préférés. Si ce passe-temps est respecté dans certains coins du web, à l’école, c’est une autre paire de manches.
Dans le film Slash, présenté dans le cadre du festival Fantasia, le réalisateur et scénariste Clay Liford trace le portrait d’un monde méconnu, celui de la fan fiction, et plus particulièrement des histoires à lire d’une seule main mettant en vedette des personnages souvent imaginaires.
Humilié par ses camarades de classe, Neil fera la connaissance de Julia, à peine plus vieille que lui mais déjà bien plus au fait des mystères de ce milieu fermé de la fan fiction, ainsi que l’image typique de l’adolescente en révolte contre l’autorité.
Alors que Julia pousse justement Neil à sortir de sa coquille et à faire connaître ses créations, le jeune homme s’éprendra sans surprise de celle qui lui fait connaître ce monde auparavant inconnu.
La tournure intéressante du film est que Neil ne sait pas trop ce qu’il veut. Clay Liford aurait pu tomber dans le piège de la comédie romantique mettant en vedette deux adolescents, l’un timide, l’autre plus dévergondée. Les spectateurs ont plutôt droit à un point de vue fort intéressant sur la pansexualité et la découverte de soi. Signe des temps, sans doute, mais l’on s’éloigne des traditionnelles relations hétérosexuelles. Après tout, Neil écrit des textes comprenant des échanges homosexuels, mais est-il gai? Bisexuel? Un hétéro qui explore? Personne ne le sait, et le fait que cela ne soit jamais vraiment précisé fonctionne en faveur du long-métrage. Idem du côté de Julia, qui se définit comme bisexuelle, mais qui lancera éventuellement à Neil qu’elle « a décidé qu’elle était lesbienne; comme lui est gai, ils pourront former un couple et s’annuleront mutuellement ». D’autant plus, lancera-t-elle, qu’elle est plutôt masculine et que lui est « la fille dans la relation ».
La plongée dans le monde de la fan fiction érotique fait aussi sourire, quand cela ne fait pas un peu, aussi, grincer des dents. La scène de la lecture publique, lorsqu’une femme ayant au moins 50 ans parle de sodomie et des magiciens Gandalf et Dumbledore se masturbant mutuellement jusqu’à l’orgasme « pour fermer le portail démoniaque » est suffisamment réaliste pour mériter sa classification comme démentiellement rigolote.
Pour son originalité, pour son regard à la fois humoristique et réaliste sur la crise de l’adolescence et les « franges » de l’univers de la fan fiction, Slash s’impose comme une comédie sérieuse qui mérite d’être vue. Pas une oeuvre inoubliable – le jeu des acteurs laisse parfois à désirer -, mais un film qui fait réfléchir et qui divertit tout à la fois.