Les années 1990 furent un véritable âge d’or pour Maxis et ses jeux de simulation. SimCity, SimCopter, SimAnt… rien ne semblait pouvoir arrêter le studio californien avec Will Wright à sa tête. Ironiquement, l’un des titres du catalogue de Maxis de l’époque, SimTower, a si bien occupé la niche des jeux de gestion de gratte-ciels qu’il n’a donné suite à pratiquement aucune compétition, et ce même encore aujourd’hui, 22 ans après sa sortie.
Comme son nom l’indique, le jeu met le joueur dans la peau d’un gérant d’immeuble. Celui-ci devra cumuler les mandats, étant en charge non seulement de la conception d’un bâtiment, mais aussi de l’aménagement des différents locaux, de la gestion financière, des zones de circulation et, éventuellement, du traitement des déchets, des salles de spectacle et de réception, des chambres d’hôtel, etc. Un gestionnaire omniscient, donc, qui devra garder l’oeil sur tout pour assurer la réussite de son entreprise et éviter la faillite et la fuite des résidents et travailleurs.
Au fur et à mesure que la tour se développe, que les commerces, bureaux et résidences se diversifient et se multiplient, le joueur accède à des restaurants plus chics, à une station de métro, à des services de nettoyage et de sécurité… l’objectif consistant à atteindre la fameuse cote de « cinq étoiles ». Mais, à l’image de SimCity, les objectifs peuvent également être entièrement ignorés, le plaisir provenant simplement du fait de parvenir à gérer correctement un immeuble, qu’il s’agisse d’en faire un gratte-ciel gigantesque ou un simple bâtiment fonctionnel.
En conjuguant simplicité et complexité sous-jacente, la création de Yoot Saito a peut-être représenté à la fois le minimum et le maximum qu’il est possible d’accomplir lorsqu’il est gestion d’un simulateur de gestion de ce genre. La vue en coupe du bâtiment, la possibilité de connaître l’humeur des habitants, travailleurs et visiteurs, la microgestion mêlée de macrodécisions, les couleurs vives des divers types de bâtiments et services pouvant être construits, le tout enrobé dans une interface simple et efficace… que demander de plus?
Paradoxalement, SimTower a su créer une niche dans le marché des jeux vidéo et l’occuper de façon si efficace que personne n’a réellement tenté de le déloger depuis plus de 20 ans. Certains se sont essayés, souvent sous la forme de produits tellement inférieurs et développés par des studios habitués au shovelware qu’il ne vaut même pas la peine de les mentionner. De son côté, Yoot Saito a produit Yoot Tower l’année suivante, en développant davantage les mécaniques de jeu et en élargissant la panoplie de commerces et de services disponibles. Mais depuis, pratiquement plus rien.
Ce désert technologique a eu pour effet de renforcer le sentiment de nostalgie éprouvé par bien des joueurs face au titre. Qu’on ne se leurre pas, cependant: SimTower peut rapidement devenir frustrant. La gestion des ascenseurs, afin d’éviter que des personnages frustrés ne décident de plier bagage, ressemble éventuellement au supplice de Tantale. Les effets sonores de la fin de partie sont rapidement noyés sous les bruits des cabines montant et descendant inlassablement.
Au final, toutefois, et en attendant un successeur spirituel fort prometteur intitulé Project Highrise, SimTower demeure la référence incontestée en matière de simulation de gratte-ciel. Malheureusement pour les amateurs et les curieux, s’il est plus qu’aisé de trouver une copie du jeu (il est disponible librement sur internet), l’installer est une autre paire de manches. Puisqu’il s’agit d’une application fonctionnant en 16 bits, Windows 10 sera dans l’impossibilité de lancer le programme d’installation. Il faudra se rabattre sur l’émulateur DOSBox et une série d’étapes passablement compliquées pour arriver à ses fins, Et même là, le résultat n’est pas garanti. La solution? Installer le jeu sur une machine fonctionnant encore sur une version antérieure de Windows. Ou attendre la sortie de Project Highrise, sans doute.