« Le drapeau espagnol est beaucoup plus prêt de se hisser à Gibraltar », a affirmé le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel García-Margallo, le lendemain du Brexit du 23 juin. Alors que son homologue britannique, Boris Johnson, a réaffirmé ce samedi que les résidents ne changeront pas de pays contre leur volonté, 96 % veulent rester dans le Royaume-Uni.
À la rencontre du continent européen et du continent africain, se dresse le rocher nommé « El Peñón » par les Espagnols et « the Rock » par les Britanniques. Le territoire minuscule de 6, 543 km2 appartient au Royaume-Uni depuis la signature du Traité d’Utrecht en 1713, même si ce détroit est un prolongement de l’Andalousie, vaste région au sud de l’Espagne. La frontière de ce territoire revendiqué s’étend sur 1,2 km. Aux 30 000 résidents de nationalité britannique, s’ajoutent les 9000 Andalous qui y travaillent quotidiennement.
À la suite du vote pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ( UE ), le ministre Margallo a proposé aux autorités européennes un régime de cosouveraineté pour « El Peñón » pendant une période transitoire afin de déterminer un statut spécial pour les résidents par l’acquisition de la nationalité espagnole, sans perdre la britannique. Le système économique et fiscal ne changera pas, alors que Madrid et Londres vont s’occuper des Affaires étrangères et de la Défense, rapporte El Pais du 13 juillet.
« Les gens de Gibraltar ont exprimé leur souhait de rester avec la souveraineté britannique et nous allons respecter leur souhait », a affirmé le ministre Johnson. « De plus, le Royaume-Uni n’entamera aucune négociation de souveraineté sans Gibraltar. Nous allons continuer de prendre les mesures nécessaires pour protéger Gibraltar, ses résidents et son économie incluant le maintien de la frontière avec l’Espagne », poursuit-il avec l’idée d’aborder la question dans ses futures discussions avec l’UE, rapporte Reuters le 16 juillet.
Gibraltar est l’une des régions les plus prospères d’Europe dont l’économie se base sur les services financiers, le tourisme et les paris en ligne. Toutes les activités qui se trouvent et se développent sur le territoire britannique sont imposées, mais les revenus passifs peu importe l’origine ne le sont pas. L’Espagne a contesté cette disposition en estimant que le territoire favorise les sociétés offshore, d’après Le Monde en 2013. La Commission européenne a enquêté les sociétés de Gibraltar et le contrôle espagnol de la frontière en 2013.
Caillou dans le soulier
Gibraltar est également le théâtre d’accrochages qui se transforment en incidents diplomatiques. Le gouvernement espagnol a soutenu qu’une patrouille maritime de la police de Gibraltar est entrée en collision avec une embarcation de la Guardia civil espagnole. Le Foreign Office de Londres a affirmé que les agents espagnols sont entrés illégalement dans les eaux britanniques, d’après El Pais du 11 juillet.
Après que les autorités de Gibraltar aient tiré 70 blocs de ciment à la mer pour créer un récif artificiel permettant la régénération de la faune marine, le gouvernement espagnol a multiplié les contrôles à la frontière provoquant des embouteillages. Il s’agissait de représailles pour venger les pêcheurs qui n’avaient pas pu jeter leurs filets pendant l’opération pour développer les ressources halieutiques, d’après Le Monde en 2013.
En deçà du duel Espagne / Royaume-Uni, une foule de migrants d’origine africaine tentent d’atteindre la côte, dont le cadavre repêché le 2 janvier dans les eaux du détroit de Gibraltar.
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